Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken n’est pas venu à Kiev – une visite surprise – les mains vides, il a amené dans ses valises une aide militaire de 1 milliard de dollars pour donner un “nouvel élan” à la contre-offensive ukrainienne. En bonus il a passé la nuit d’hier mercredi 6 septembre sur place, une première depuis le début de la guerre, pour signifier la qualité des liens avec l’Ukraine et la confiance qu’il a en la capacité de la défense locale à sécuriser les lieux. Mais dans tout ce que Blinken a promis au président Volodymyr Zelensky ce sont surtout les redoutables munitions à uranium appauvri qui marquent les esprits. Comme ce fut le cas avec l’annonce de la livraison de bombes à fragmentation la Russie a très mal pris le projet des USA…
“La décision de l’administration américaine d’envoyer des munitions à uranium appauvri à Kiev est un signe clair d’inhumanité“, a dénoncé sur Telegram l’ambassade de Moscou à Washington. Le texte pointe les “nuages radioactifs mouvants” causés par les explosions de ces armes.
Bon, en matière d’humanité la Russie n’a aucune leçon à donner, et pas seulement à cause des atrocités commises sur le sol ukrainien depuis le 24 février 2022, je parle de l’Afghanistan, de la Tchétchénie, de la Syrie, etc. Et ce que Moscou déplore là ne serait pas arrivé si les chars russes étaient restés derrière leurs frontières et n’avaient pas envahi le voisin. Mais il est vrai que ces munitions anti-chars ne sont pas des armes comme les autres. D’ailleurs c’est la première fois que les Américains les mettent entre les mains des Ukrainiens…
Ces engins, du fait de leur tenir en uranium appauvri, n’ont pas d’égal pour percer le blindage des chars ; mais ils sont fortement décriés à cause de leur toxicité pour les soldats et les populations civiles. L’uranium est un métal très dense qui ne subit aucune déformation quand il touche sa cible. C’est la raison pour laquelle il est utilisé dans les obus perforants et les bombes, en dépit de sa nocivité.
Les Américains le savent pertinemment et ces problèmes les ont longtemps dissuadés. Mais ils savent aussi que l’entrée en scène des armes moins conventionnelles est un passage obligé pour donner à l’Ukraine un avantage décisif sur le terrain afin de forcer le Kremlin à en finir avec ce conflit dont le coût est très élevé, à tous les niveaux, pour toute l’humanité.
A noter que ces munitions sont en service dans beaucoup de pays, mais surtout dans les armées américaine et russe.. Leur usage n’est pas formellement interdit par le droit international et elles ont été abondamment sollicitées lors des guerres du Golfe de 1990 et 2003 et lors des assauts aériens de l’OTAN en ex-Yougoslavie en 1999.
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a fait savoir que des études réalisées en ex-Yougoslavie, au Koweït, en Irak et au Liban “ont montré que l’existence de résidus d’uranium appauvri dispersés dans l’environnement ne présentait pas de risque radiologique pour la population des régions touchées“. Mais les opposants n’en démordent pas : l’ingestion ou l’inhalation de poussières d’uranium appauvri est potentiellement dangereux pour la santé et peut générer des cancers et des malformations congénitales.
Pour rappel Washington n’est pas le premier à envisager une telle livraison à Kiev, la vice-ministre britannique de la Défense Annabel Goldie a confirmé lundi dernier que le Royaume-Uni avait décidé en mars 2023 de donner à l’Ukraine des obus de ce genre. Le président russe Vladimir Poutine était monté au front pour dire que ce sont les armes “les plus dangereuses“…
Il avait laissé entendre qu’il balancerait sur l’Ukraine des armes du même type. “La Russie, bien sûr, a de quoi répondre. Nous avons, sans exagérer, des centaines de milliers d’obus de ce type. Nous ne les utilisons pas pour le moment“, avait-il indiqué. Finalement Londres s’était ravisé. Le problème se repose avec la décision de Washington…
“Les États-Unis transfèrent délibérément des armes avec des effets indéterminés“, a réagi l’ambassade russe aux USA. La Maison Blanche “refuse d’accepter l’échec de la soi-disant contre-offensive des forces armées ukrainiennes” et est prête à “faire une croix sur les générations futures“, ajoute le communiqué.
La menace est très explicite. De toute évidence c’est un basculement majeur avec des conséquences incalculables, pour les deux parties en conflit comme pour le monde entier…
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