Les études se suivent et se ressemblent. Je parle de cette Allemagne de plus en plus repoussante pour les compétences et les talents étrangers. En juillet 2022 le réseau InterNations avait pondu un rapport terrible sur la perception du pays par les expatriés. Le journal Die Zeit confirme le peu d’appétit pour la grande Allemagne, première économie d’Europe et bientôt 3e puissance économique mondiale. Le pays, on le sait, est frappé par le vieillissement de sa population et un déficit chronique de main d’oeuve, et Berlin fait ce qu’il peut pour taper dans l’oeil des cerveaux et bras étrangers. Mais voilà, la magie opère de moins en moins…
La faute à qui ou à quoi ? D’abord la conjoncture économique, très âpre, surtout les tensions inflationnistes et le marasme industriel, cette industrie qui faisait la force des Allemands. C’est tout ça qui a pourri le climat social. L’Allemagne essuie des grèves sans précédent au nom de la hausse des salaires. Mais il n’y a pas que ça comme repoussoir pour les étrangers, il y a surtout cette résurgence de l’extrême droite et du fascisme, un fléau que le pays connait bien. Les étrangers commencent à en avoir marre, surtout les plus qualifiés.
Ils sont de plus en plus nombreux à exprimer leur désir de mettre les voiles vers des cieux plus cléments. L’expérience allemande a fait beaucoup de déçus. Les expatriés vident leurs sacs dans la presse. Nitya Shaik – ce n’est pas son vrai nom – est une ingénieure indienne d’une trentaine d’années plutôt bien lotie, dans la classe moyenne. Elle avait des tas de rêves en débarquant dans le pays mais elle a vite déchanté. “Lorsque Nitya Shaik explique pourquoi elle souhaite quitter l’Allemagne de toute urgence, elle ne sait même pas par où commencer” tant les problèmes s’amoncellent, rapporte Courrier international…
Le Racisme et la misogynie quand elle était en quête d’un logement, la cherté de la vie, les difficultés pour trouver un médecin, les lourdeurs administratives juste pour avoir des papiers en règle, etc. Et puis il y a le gros écueil de la langue ; les Allemands mettent un point d’honneur à ne parler que l’allemand – même quand ils maîtrisent d’autres langues -, à n’utiliser que l’allemand dans l’administration. C’est un sacré obstacle pour les étrangers.
Le dernier rapport du Monitor Racism (en 2022), le classement du Migrant Acceptance Index, la dernière étude de l’OCDE et de la Fondation Bertelsmann sont très édifiants : Les étrangers et les citoyens d’origine étrangère sont de moins en moins heureux en Allemagne. Dans le dernier classement InterNations, repris par le journal allemand, les travailleurs étrangers qualifiés disent sans détour qu’ils sont les “plus seuls et les plus malheureux du monde”.
Même le gratin parmi les expatriés – haut niveau d’étude et de qualification, un bon boulot… – n’est pas épargné par la morosité ambiante. Il y a par exemple Richard Jensen, médecin et sa compagne, Irina Mironow, consultante. Ils ont la double nationalité et ont plaqué le Royaume-Uni pour rallier Berlin, fuyant les affres du Brexit. Mais maintenant ils songent au retour. Irina Mironow s’insurge contre la culpabilisation des mamans qui travaillent au lieu de rester au foyer, avec les petits.
Pourtant le gouvernement fédéral a mis le paquet pour capter les immigrés qualifiés. “Le niveau de revenu et la formation des personnes qui viennent dans le pays sont moins importants que leur expérience professionnelle, qui compte désormais davantage. Ce n’est plus seulement la famille nucléaire qui peut bénéficier du regroupement familial, mais aussi les parents et les beaux-parents”, rappelle Die Zeit…
Par ailleurs bientôt les étrangers ne seront plus obligés d’attendre 8 ans pour être naturalisés, 5 ans de résidence suffiront. C’est très bien mais les tares de la société allemande l’emportent largement face aux incitations pour attirer les talents.
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