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Saied pourra-t-il s’éviter la tragédie prédite dans Washington Post?

Saied pourra-t-il s’éviter la tragédie prédite dans Washington Post?

La Tunisie, les citoyens en savent quelque chose, fait partie des pays impactés économiquement par la guerre en Ukraine. Les Tunisiens avaient déjà leurs déboires, l’incursion sanglante de la Russie en Ukraine a accentué le marasme économique. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles le FMI a placé la Tunisie par les pays qu’il faut secourir en urgence. Le Washington Post a consacré un long papier à la Tunisie. Le journal américain ne s’est pas contenté des poncifs classiques sur les indicateurs macroéconomiques, il a fait une vraie enquête sociologique, farfouillé, interrogé les citoyens tunisiens sur leurs difficultés du quotidien, les pénuries, l’inflation, etc. Et la conclusion est sans appel : le pays va mal, très mal…

Les problèmes sont tellement criants et endémiques que selon Youssef Cherif, directeur du Columbia Global Center à Tunis, l’antenne locale de l’Université Columbia de New York, “il y aura bientôt une révolution (…). Toutes les conditions préalables sont réunies… et je ne pense pas que les gens puissent supporter la situation longtemps“, a-t-il ajouté.

Bon, certes on a eu des éruptions sociales le mois dernier mais on est loin de la déferlante révolutionnaire prédite par le Columbia Global Center, en dépit des difficultés des citoyens. Enfin, on en est loin pour le moment. Il semble que les citoyens soient tentés d’accorder un préjugé favorable au chef de l’Etat, Kais Saied, en vertu de son statut de chevalier blanc du combat contre la corruption, un statut que lui confère sa virginité politique – en Tunisie c’est devenu  le graal tellement la classe politique a dégoutté les citoyens. Il semble que les Tunisiens aient envie de croire aux promesses de l’artisan du 25-juillet (date du coup d’arrêt du régime parlementaire, du gouvernement et du mode de fonctionnement des institutions depuis 2011)…

Même la France et derrière elle l’Union européenne (UE) ont fini par donner un “quitus” au président tunisien jusqu’aux élections de décembre 2022, et après ça les partenaires étrangers jugeront sur pièces, mais ils jugeront sévèrement. Les actes que Saied posera après le prochain scrutin seront observés à la loupe, notamment la réactivation du Parlement – pas ses anciens membres évidemment ! – et le retour à un fonctionnement dit “normal” des institutions du pays. Et de ce point de vue les Occidentaux seront intransigeants avec l’occupant du palais de Carthage, et il le saura très vite en janvier 2023…

Quant au contrat moral avec ses électeurs, et bien Saied en a fait des promesses, beaucoup même. Son aura d’homme “propre et intègre” lui a permis de bâtir une solide cote de popularité, laquelle reste bonne quoiqu’en baisse par rapport aux bonnes opinions du départ. Pour un homme politique il n’y a pas quelque chose qui gonfle et fond plus vite que la popularité, et c’est aussi valable pour Saied. De sa capacité à tenir ses nombreuses promesses dépendra son avenir immédiat. S’il est au rendez-vous sur son projet économique et social ses partisans le seront, s’il flanche cela ouvrira peut-être la voie à la prédiction funeste du directeur du Columbia Global Center à Tunis…

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