Le président français, Emmanuel Macron, entendait consacrer son deuxième mandat à ses réformes pour laisser le pays sur de bons rails après son départ, et ma foi il y a du travail, dans une conjoncture internationale délétère depuis que la Russie a fait irruption en Ukraine. Mais Paris pourra difficilement se soustraire à ses obligations en Afrique, de par les liens historiques tourmentés avec le continent mais aussi de par les relations économiques encore très fortes avec les “amis” africains. Si la France est très bien partie pour se rabibocher avec l’Algérie, le problème reste entier en Libye et, chose nouvelle, en Afrique de l’Ouest où l’agitation anti-française monte, monte…
Ils sont allés jusqu’à déterrer une vidéo de 2019
En réponse à cette braise sur laquelle souffle la Russie, Macron avait quasiment sommé les dirigeants ouest-africains de sortir du bois. “J’attends d’eux qu’ils clarifient et formalisent leur demande à l’égard de la France et de la communauté internationale. Souhaite-t-ils notre présence ? Ont-ils besoin de nous ? Je veux des réponses claires et assumées sur ces questions (…). je ne peux ni ne veux avoir des soldats français sur quelque sol du Sahel que ce soit alors même que l’ambiguïté persiste à l’égard de mouvements anti-français…”.
Ces propos ont été tenus par le président français le 4 décembre 2019 à Londres, lors du Sommet de l’OTAN. Qu’est-ce qui a changé depuis sur le théâtre africain ? Et bien les choses se sont dégradées pour la France, dont l’Ambassadeur a été expulsé du Mali le 31 janvier 2022, les soldats français ont suivi, jusqu’à la rupture presque totale avec Paris. Le mouvement, qui avait déjà commencé en Centrafrique, a gagné la Guinée et dernièrement la rue burkinabé. La preuve que les relations entre la France et ses anciennes colonies sentent le roussi, cette vidéo exhumée par la plateforme African Heroes, une affaire aux allures de manipulation mentale…
Très habile et diablement efficace
En effet les activistes ont remis en ligne cette vidéo vieille de presque 3 ans mais se sont bien gardés de le signifier aux internautes. Par contre ils ne se sont pas privés de mettre bien en évidence sur les images “Mr Macron, on ne s’adresse pas à des Chefs d’Etats de cette façon ! Quelle arrogance de votre part !!!“…
Evidemment une telle formulation jetée comme ça dans ce contexte de contestation de tout ce qu’est la France, avec la conception que certains se font de la prétendue nébuleuse France-Afrique et de l’officine parisienne qui souffle encore, disent-ils, à l’oreille des présidents africains, ça ne pouvait qu’attiser le soupçon. Et ça n’a pas loupé avec une flopée de commentaires négatifs anti-français, même si certains ont éventré la manipulation et ont souligné que cette vidéo est ancienne. Mais le mal est fait…
Pire : il y a cette longue intervention de l’un des animateurs de la plateforme panafricaine pour dire tout le mal – et un tout petit peu de bien – qu’il pense des “relations incestueuses” entre la France et l’Afrique. Les mots sont durs, sans concession avec une France qui par ailleurs est venue au Mali, à la demande des autorités, pour stopper in extremis les djihadistes qui étaient aux portes de la capitale, Bamako, après une avancée fulgurante face à une armée malienne sous-équipée, mal entraînée et démotivée. Mais ça aussi les activistes anti-français se sont bien gardés de l’expliquer à une jeunesse ardente et pressée d’en découdre avec des Français qu’on accuse de tous les maux. C’est beaucoup plus facile que de s’en prendre à des chefs d’Etat africains qui accumulent les échecs dans tous les domaines et ne brillent que dans la prédation des deniers publics.
La dernière fois que Macron est venu en Afrique de l’Ouest – au Bénin et en Guinée Bissau – c’était en juillet 2022, au même moment que le chef de la diplomatie russe. Une chose est certaine : certes il devra prioritairement régler ses problèmes internes mais aussi trouver les voies et moyens pour éteindre l’incendie anti-français qui prospère dans l’Ouest africain, nourri par des accusations fantaisistes, des extrapolations et un travestissement des faits fondé sur une vision passéiste qui ne rend pas service aux Africains…
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