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Arabie saoudite : Un retraité sera exécuté pour des tweets postés sur un compte suivi par 9 abonnés

Arabie saoudite : Un retraité sera exécuté pour des tweets postés sur un compte suivi par 9 abonnés

Il y a d’un côté la flamboyance d’une monarchie richissime, pilotée par un virevoltant prince héritier qui a des projets titanesques plein la tête, parfois complètement démentiels, pour changer le destin d’un pays trop dépendant des recettes d’hydrocarbures par définition épuisables. Il y a de l’autre les entorses au droit humain, les condamnations à mort dans des conditions obscures, et le mot est faible, les mêmes travers depuis des décennies dans un royaume qui envisage volontiers sa modernisation dans tous les domaines sauf quand il s’agit de s’en prendre à la toute-puissante famille royale. Un opposant au pouvoir l’apprendra à ses dépens. Il sera exécuté pour des publications qui pointent la corruption et les violations des droits humains, des posts balancés sur un compte Twitter qui a à peine 9 abonnés…

Le frère du condamné et des sources au fait de ce dossier ont fait quelques confidences à la presse. On a appris que l’homme, Mohammed al-Ghamdi, un retraité, est passé en juillet dernier devant la Cour pénale spécialisée, une juridiction mise en place en 2008 pour prendre en charge les affaires en rapport avec le terrorisme mais que le pouvoir en place utilise copieusement pour frapper les activistes politiques et les militants des droits humains. C’est aussi ça l’Arabie saoudite.

Avec des charges du type complot contre les responsables saoudiens, atteinte aux institutions du pays et propagation de l’idéologie terroriste l’issue du procès était connue d’avance. Contactées par la presse les autorités saoudiennes ont refusé de commenter cette affaire, a rapporté Huffpost hier mercredi 30 août…

D’après Saeed al-Ghamdi, frère de Mohammed et militant en exil, l’inculpation était surtout motivée par des messages diffusés sur le réseau social X (ex-Twitter) qui s’en prenaient au gouvernement et défendaient la cause des «prisonniers d’opinion», tels que les dignitaires religieux Salman al-Awda et Awad al-Qarni. Mais même avec un compte sur X qui n’était suivi que pas neuf abonnés, selon le Centre du Golfe pour les droits de l’Homme, la critique ne passe pas.

«Les tribunaux saoudiens intensifient leur répression et lèvent le voile sur leurs fausses promesses de réformes», a commenté Lina al-Hathloul, en charge de la communication au sein de l’association de défense des droits humains ALQST, domiciliée à Londres. «Comment le monde peut-il croire que le pays est en train de se réformer alors qu’un citoyen va avoir la tête tranchée pour des tweets sur un compte anonyme ayant moins de dix abonnés ?», a-t-elle ajouté.

La mort de Mohammed al-Ghamdi, à moins d’un miracle très improbable, s’ajoutera à la longue liste des exécutés dans un pays qui a une solide réputation en la matière. A noter que l’an dernier près de 147 personnes ont été condamnées à la peine capitale et 94 détenus ont été exécutés depuis le début de 2023. Mais voilà, de plus en plus cet épineux dossier est passé sous silence au nom des intérêts supérieurs des partenaires de Riyad, même chez les premiers défenseurs des droits de l’Homme dans le monde.

Après le raffut qui a suivi la mort atroce du journaliste dissident saoudien Jamal Khashoggi en 2018 dans les locaux du consulat du royaume à Istanbul (Turquie) et l’absolution du prince hériter Mohamed Ben Salmane par le président américain qui pourtant l’a accusé du pire, il y a très peu de chances que les idéaux triomphent sur le pragmatisme et le realpolitik. Et ce n’est pas le chef de l’Etat français, chez qui Ben Salmane a passé ses dernières vacances, qui dira le contraire…

 

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