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France : Comme Kadhafi en 2007 et Poutine en 2017, MBS couronné “Roi de Paris”…

France : Comme Kadhafi en 2007 et Poutine en 2017, MBS couronné “Roi de Paris”…

Pour la deuxième fois en moins d’un an le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane (MBS), a posé ses valises à Paris, pour un séjour de 8 jours, entre vacances – il s’est déplacé avec sa famille – et travail, avec de gros dossiers régionaux et internationaux qu’il évoquera avec le président français, Emmanuel Macron. D’ailleurs les deux hommes déjeuneront ce vendredi 16 juin au palais de l’Elysée. Amnesty international fulmine contre cette visite et accuse Macron de fouler au pied les droits de l’Homme. Comme exactement les défenseurs des droits humains avaient crié quand le défunt guide libyen Mouammar Kadhafi avait été reçu en grande pompe à Paris, en 2007. Rama Yade, à l’époque secrétaire d’État chargée des Affaires étrangères et des Droits de l’homme et d’autres avait tellement rué dans les brancards que le président Nicolas Sarkozy a fini par croire qu’il fallait aider à déboulonner l’affreux dictateur libyen. La Libye ne s’est jamais remise du vent de la liberté qui a soufflé sur elle. Une leçon pour l’Occident, une rampe de lancement pour MBS et compagnie…

Le “Printemps arabe” est bien mort et enterré

Les Occidentaux sont revenus des lubies du “Printemps arabe”, qui d’ailleurs n’a de printemps que le nom. L’heure est au pragmatisme et à la realpolitik, au nom des intérêts suprêmes de la nation. Le chef de l’Etat français est le porte-drapeau de cette nouvelle doctrine. Le fiasco libyen est passé par là. L’Occident a réduit la voilure. MBS est comme un poisson dans l’eau dans cette nouvelle architecture de la géopolitique.

Macron déjeunera en “en tête à tête” avec un homme qui a imposé sa volonté sur l’Iran et même sur la guerre en Ukraine, en invitant chez lui le président Volodymyr Zelensky alors que la plupart de ses pairs arabes ne voulaient pas en entendre parler. Depuis que le président américain a levé l’épée de Damoclès sur la tête de MBS, accusé d’avoir commandité en 2018 le meurtre atroce du journaliste Jamal Khashoggi, rien n’arrête le prince héritier saoudien.

Riyad a pris du galon depuis, au point que Paris compte sur lui pour “donner des perspectives bilatérales et étudier les grands sujets du moment qu’ils soient régionaux ou qu’il s’agisse de l’Ukraine“, assume la présidence française. Et elle peut vu la capacité de MBS à bousculer tous les tabous et à peser dans les grandes affaires du monde.

Macron dira à son invité “à quel point la question de l’Ukraine est importante” et impacte la trajectoire de toute l’humanité, il lui dira aussi “comment l’Arabie saoudite peut exercer une influence y compris sur la Russie“, a indiqué l’Elysée…

Il n’est pas certain que MBS puisse arriver à quelque chose avec Vladimir Poutine mais le seul fait de l’avoir associé à la démarche est une grande victoire diplomatique pour Riyad. Comme l’est le retour de Damas dans le giron de la Ligue arabe. La Russie a dicté sa loi en Syrie et Bachar al-Assad a finalement gardé son fauteuil. Le prince héritier saoudien a fait le reste.

Tous les chemins mènent à Riyad et c’est Macron qui tient la carte

Même sur l’épineux dossier libanais, un vrai casse-tête pour Paris, Macron va solliciter un coup de main de Riyad, quitte à mobiliser un ennemi de l’Occident, l’Iran. “La question n’est pas tant de la normalisation que la démonstration que l’Arabie et l’Iran peuvent faire ensemble de l’efficacité de cette normalisation sur certains sujets” tels que le Liban, argue la présidence française…

Macron va clairement demander aux Saoudiens d'”engager la conversation avec les Iraniens et avec d’autres pour créer des conditions favorables à l’élection d’un président” au Liban. Quand on vous parlait de pragmatisme.

Je trouve regrettable de serrer la main d’un dirigeant dont la responsabilité dans l’assassinat barbare d’un journaliste [Jamal Khashoggi] a été démontrée, en faisant comme si de rien n’était“, a pesté Ahmed Benchemsi, Directeur de la Communication Moyen-Orient de l’ONG Human Rights Watch. Il criera dans le désert. La même indignation outrée avait salué la visite de MBS à Paris en juillet 2022, ça ne l’a pas empêché de revenir 11 mois après, plus incontournable que jamais.

Le prince saoudien sera aux côtés de Macron ce lundi 19 juin pour présenter officiellement la candidature de son pays à l’exposition universelle de 2030, un dossier appuyé par Paris, et çà ça pèse lourd. Par ailleurs il prendra part ces 22 et 23 juin au Sommet sur un nouveau Pacte financier mondial, une des trouvailles du très fertile président français.

C’est cela qu’on retiendra de la deuxième virée de MBS à Paris : Des succès diplomatiques éclatants à la face du monde. Jusqu’à sa prochaine visite. Tout le reste – idéaux démocratiques et droits humains – n’est que poussière, hélas…

 

 

 

 

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