A la une

France : si CNews gagne ce combat le pays sera un enfer pour les étrangers

France : si CNews gagne ce combat le pays sera un enfer pour les étrangers

CNews sort des clous depuis des années, cela a commencé avec le sulfureux polémiste Eric Zemmour (la télévision ne lui suffit plus, il a monté son parti pour forger un destin national à ses idées) et ça monte de plusieurs crans avec l’ancien Monsieur foot de TF1, Pascal Praud. Les débordements de langage sur les migrants, les étrangers, les musulmans sont devenus tellement fréquents qu’ils se sont banalisés. Presque plus personne ne s’en offusque. L’ONG Reporters sans frontières (RSF) fait partie des rares que la chose heurte. Elle a alors saisi le Conseil d’Etat qui a réagi promptement en demandant à l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) de faire en sorte que CNews ramène le curseur vers la déontologie, qu’il fasse simplement son travail avec une information pluraliste. La première manche de cette affaire s’est déroulée hier jeudi 29 février, devant une Commission parlementaire…

Roch-Olivier Maistre, le président de l’Arcom, avait répliqué que le régulateur «n’est ni la police de la pensée ni un tribunal d’opinion» mais il a signifié à la chaîne du richissime homme d’affaires Vincent Bolloré que si elle ne rentre pas dans les rangs le renouvellement de sa licence TNT pourrait caler en 2025. Les députés ont auditionné dans ce sens la direction du groupe Canal+ et les stars de CNews dont Pascal Praud, Laurence Ferrari et Sonia Mabrouk, en attendant le passage de Bolloré devant cette même commission mi-mars.

Pour la plus haute juridiction administrative du pays l’Arcom ne doit pas se cantonner de compter les temps de parole des personnalités politiques pour décerner un satisfecit sur pluralisme, elle doit «prendre en compte la diversité des courants de pensée et d’opinions représentés par l’ensemble des participants aux programmes diffusés». Est-ce que les professionnels des médias auditionnés hier sont dans cet état d’esprit ?

«Si les règles changent, nous nous y conformerons. Nous serons attentifs et curieux d’en connaître les modalités», a affirmé le PDG du groupe Canal+, Maxime Saada. Mais il a ajouté que «la France serait sans doute la seule démocratie au monde à commencer à ficher les journalistes et les éditorialistes (…). Je n’aimerais pas être à la place de Roch-Olivier Maistre [le président de l’Arcom]», a-t-il glissé sur un ton ironique.

La journaliste Laurence Ferrari pour sa part s’est dit très «respectueuse de la décision du Conseil d’Etat», tout en exprimant ses «inquiétudes concernant la mise en œuvre de la régulation du temps de parole de [leurs] invités et de leur étiquetage (…). Nous ne sommes pas dupes et nous savons très bien qu’une chaîne est visée en premier lieu», a-t-elle asséné, en allusion à CNews.

Quand on demande au patron de Canal+ si CNews reste une chaîne d’information – ce que stipule la convention signée avec l’Arcom – ou si elle est devenue une chaîne d’opinion avec des débats sur le plateau il souligne qu’en 2023 «en moyenne, chaque jour, plus de 5,7 millions de téléspectateurs» ont regardé CNews. «Il ne fait aucun doute dans l’esprit du public et dans mon esprit que CNews est une chaîne d’actualité», a argué Saada.

Quant à Pascal Praud il a déclaré ceci : «si vous vous contentez d’être purement factuel et d’être un lecteur de dépêches, les gens, vous ne leur apprendrez rien (…). Donc il faut leur apporter effectivement une mise en perspective, un décryptage, une analyse ou même la controverse, pourquoi pas, qui permet justement d’avoir un échange pluraliste», a dit le présentateur de «L’Heure des pros».

Ce qu’on retient de ces interventions c’est que les journalistes et présentateurs vedettes de CNews restent droit dans leurs bottes. Normal me direz-vous avec tous les bruits tout autour, avec une extrême droite qui n’a plus besoin de forcer pour gagner “ses lettres de noblesse” et à qui tous les sondages prédisent une victoire écrasante aux élections européennes de juin prochain. Sans parler des premiers rôles que prédisent les enquêtes d’opinion à Marine Le Pen pour le scrutin de 2027…

Comment voulez-vous que la chaîne la plus à droite du paysage audiovisuel ne surfe pas sur la droitisation de la société française et même la nourrit ? Le questionnement est sociétal et les réponses aussi sans doute, s’il y en a. De toute évidence on est parti pour un combat entre le Conseil d’Etat, l’Arcom et CNews. Qui le gagnera ? Ce qui est certain c’est que les valeurs et idéaux de la République – Liberté, Egalité, Fraternité – ont déjà beaucoup perdu.

 

 

Que se passe-t-il en Tunisie?
Nous expliquons sur notre chaîne YouTube . Abonnez-vous!

Commentaires

Haut