Avec toutes les casseroles judiciaires qu’il traîne Benjamin Netanyahu n’aurait jamais dû se retrouver à ce niveau de responsabilité, dans un pays qui se targuait d’être une grande démocratie. Mais voilà, les électeurs israéliens en ont décidé autrement en 2022, alléchés par la promesse de la sécurité et de la béatitude pour l’Etat hébreu, et l’enfer pour les Palestiniens. La promesse de la sécurité a volé en éclats le 7 octobre dernier, date à laquelle le Hamas a semé la mort en terre israélienne. Et depuis Netanyahu court derrière les fantômes des combattants palestiniens. Il a cru que sa guerre et les têtes des civils palestiniens qu’il collectionne le protégeraient de son procès pour corruption. Que nenni, les juges ont déterré son dossier hier lundi 4 décembre…
Il a échoué, sur toute la ligne
Le Premier ministre a tout fait pour mettre la justice au pas et enterrer définitivement ses turpitudes, cela a provoqué un bras de fer épique avec la rue, des manifestations qui ont commencé en janvier 2023. Netanyahu n’a pas gagné la bataille. Il a parié sur la lassitude populaire pour glisser ses reformes antidémocratiques et a failli réussir. La guerre contre le Hamas l’a stoppé net, mais n’a pas freiné la justice.
Alors que le chef de guerre étend le conflit à Gaza son procès pour corruption a repris hier à Jérusalem, presque deux mois après son ajournement. Corruption, fraude et abus de confiance dans trois affaires, ce sont les lourdes charges qui pèsent sur Netanyahu, des accusations qu’il réfute énergiquement. Bien entendu il n’est pas question de l’inviter au Tribunal, “union sacrée” oblige, mais les choses pourraient se gâter dans quelques semaines ou mois, dès que les canons se tairont à Gaza.
Du très lourd pénalement
Le Premier ministre est soupçonné d’avoir essayé de se payer les faveurs du site d’informations Walla, en échange d’avantages gouvernementaux qui pourraient se chiffrer à des centaines de millions de dollars pour Shaul Elovitch, qui fut le patron du plus grand groupe de télécommunications israélien Bezek et de Walla.
Dans une autre affaire il est accusé d’avoir accepté beaucoup de cadeaux faits par des personnalités fortunées, pour près de 700 000 shekels (environ 176 000 euros). On parle de cigares, de bouteilles de champagne et de bijoux, offerts entre 2007 et 2016. Parmi les généreux donateurs présumés figure le ténor israélien de Hollywood Arnon Milchan, producteur de “Brazil“, “JFK“, “Pretty Woman” et “Tueurs nés“, entre autres…
En contrepartie Netanyahu pourrait avoir – c’est le dossier d’accusation qui le dit – manoeuvré pour instaurer une réforme fiscale qui aurait pu grossir le compte en banque d’Arnon Milchan, avec des millions de dollars de profit. Le ministère des Finances avait bloqué le projet.
Une sortie par la petite porte, vers la case prison
A 74 ans Netanyahu pourrait sortir par la toute petite porte, vers la case prison. On n’en est pas là mais ça sent sacrément le roussi pour l’homme qui est à la tête du gouvernement le plus à droite de toute l’histoire de l’Etat hébreu. Il n’est pas impossible qu’il persiste dans son périple sanglant à Gaza pour retarder le plus possible son face-à-face avec les juges. Mais tôt ou tard il devra s’arrêter, quand il aura tué tout ce qu’il peut tuer. Et là la justice frappera…
En plus de ses adversaires politiques qui l’attendent dans les commissions d’enquête, le couteau planqué dans le dos, pour s’expliquer sur les manquements sécuritaires qui ont provoqué le bain de sang du 7 octobre il y aura aussi ce procès infamant pour corruption. Les rivaux de Netanyahu que sont les anciens Premiers ministres Benny Gantz et Yaïr Lapid n’auront pas besoin d’en faire des tonnes, le pire ennemi des Palestiniens et de la Paix dans le monde pourrait tomber comme un fruit mûr.
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