À elle seule la visite d’Etat du président kényan William Ruto à Washington illustre la montée en puissance du pays depuis que le richissime homme d’affaires est à sa tête. Le chef de la première économie est-africaine a eu droit à tous les honneurs, ce qui n’était pas arrivé depuis 16 ans pour un leader du continent. Le diner d’Etat organisé hier jeudi 23 mai par le président américain Joe Biden a réuni près de 500 invités autour de William Ruto et de la Première dame, Rachel Ruto, dans les jardins de la Maison Blanche…
Biden a levé son verre pour saluer le couple présidentiel kényan : “Il règne une lumière éclatante à la Maison Blanche ce soir grâce à nos invités. Ils ont été impressionnants et conciliants. Jill et moi-même sommes honorés de vous compter parmi nous . Vous représentez de nombreux membres de la diaspora africaine. L’un d’entre eux vient de partir, Barack (Obama). Il a été très aimable. Il a rencontré le président william Ruto ce matin, et il était là il y a quelques instants“, a déclaré le président américain.
William Ruto et son épouse séjournent presque une semaine chez Joe et Jill Biden, depuis lundi dernier jusqu’à demain samedi. Pour les USA les enjeux sont grands : garder dans leur giron ce poids lourd en Afrique au moment où la Chine montre les crocs sur le continent, la Russie aussi. Pékin est le premier bailleur – des crédits essentiellement – du Kenya et de la plupart des pays africains. Mais Washington a clairement montré sa volonté de renverser la vapeur à travers les trois voyages en Afrique du secrétaire d’Etat et la première visite du secrétaire à la Défense.
Le président kényan était en Chine en octobre 2023, mais il ne verrait pas d’un mauvais oeil que les USA révisent “complètement leur stratégie pour l’Afrique” et qu’ils renforcent “leur soutien” au continent. Une concurrence entre Washington et Pékin qui fait les affaires des Africains. D’ailleurs dans la foulée de la visite de Ruto le géant américain Microsoft et l’émirati G42 ont annoncé un investissement d’un milliard de dollars au Kenya pour monter un data center écologique, développer des modèles d’intelligence artificielle en swahili, installer un laboratoire d’innovation dédié à l’Afrique de l’Est et des câbles à fibre optique maritimes et terrestres.
En échange de ces largesses et d’autres à venir Nairobi a promis d’épauler Washington en prenant le leadership en Haïti, notamment en y déployant des troupes de maintien de la paix. Le Kenya a tapé dans l’oeil du Japon et des Emirats arabes unis, c’est au tour des Etats-Unis de succomber aux charmes du ténor de la Corne de l’Afrique.
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