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L’Afrique qui brille et celle des coups d’Etat ont intérêt à écouter le patron de la Défense américaine

L’Afrique qui brille et celle des coups d’Etat ont intérêt à écouter le patron de la Défense américaine

Pas plus tard qu’hier mercredi 27 septembre la junte militaire qui a pris les commandes au Burkina Faso en janvier 2022 a fait savoir que des membres de l’armée ont tenté de renverser le pouvoir. Donc une tentative de coup d’Etat dans le coup d’Etat. C’est la preuve, s’il en fallait, que les putschs ne sont pas et ne seront jamais la solution, et encore moins le départ brutal des troupes françaises avant que les armées locales montent en puissance à tous les niveaux. Dans la même soirée la junte malienne – des putschistes qui louvoient pour garder le pouvoir – ont annoncé que deux de leurs unités dans le nord et l’ouest du pays ont été attaquées par des groupes affiliés à Al-Qaida. Des assauts sanglants qui en suivent d’autres, en attendant le basculement du Niger quand l’équilibre sera rompu par le départ des soldats français. C’est à cette Afrique malade que s’est adressé le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, en tournée sur le continent.

Les USA seront aux côtés des armées “dirigées par des civils” en Afrique, a dit hier mercredi dans la capitale angolaise (Luanda) le patron de Défense américaine. “Quand les généraux renversent la volonté du peuple et mettent leurs propres ambitions au-dessus de l’Etat de droit, la situation sécuritaire se dégrade, et la démocratie meurt“, a-t-il ajouté dans une allocution sur la coopération sécuritaire entre les Etats-Unis et l’Afrique…

Washington s’engage à “soutenir des politiques gouvernementales qui font avancer ensemble la paix, la sécurité et la gouvernance démocratique”, des “éléments sont inséparables (…). L’Afrique a besoin d’armées au service de ses citoyens, pas l’inverse“, a martelé Lloyd Austin.

Les choses pourraient vite se gâter pour le Niger après l’annonce du retrait rapide – avant la fin de l’année – des militaires français. Lundi dernier à Nairobi, au Kenya, le secrétaire à la Défense a fait savoir que les Etats-Unis sont en pleine phase de réflexion sur le maintien de leurs troupes anti-terroristes au Niger. Rappelons que quelque 1100 soldats américains opèrent sur place, en toute discrétion…

Comment les soldats nigériens, esseulés, feront face à des groupes djihadistes puissamment armés et très mobiles sur de vastes étendues désertiques ? Le président français Emmanuel Macron a dit dimanche dernier qu’il y a eu plus d’attaques au Niger depuis le coup d’Etat qui a renversé le président Mohamed Bazoum (le 26 juillet dernier) que durant les 18 mois précédents. Mais la machine s’est emballée, il est un peu tard pour rattraper le coup à court terme.

L’Afrique mérite mieux que des étrangers essayant de resserrer leur emprise sur ce continent, (…) l’Afrique mérite mieux que des autocrates qui vendent des armes bon marché, qui appuient des groupes de mercenaires comme le Groupe Wagner ou qui privent de céréales des populations affamées partout dans le monde“, a déclaré le secrétaire d’Etat américain. Une pierre dans le jardin de la Russie de Vladimir Poutine, qui a multiplié les promesses en direction des leaders africains mais n’en a tenu aucune lors du Sommet de Saint-Pétersbourg, à part un peu de blé pour les plus pauvres.

L’Angola, dont le sol regorge de pétrole – premier producteur africain -, a lui aussi des relations historiques fortes avec la Russie et la Chine, mais l’actuel président Joao Lourenco sait faire preuve de pragmatisme dans ses orientations stratégiques. Depuis 2017 il a fait mouvement vers les USA, qui vont financer la réfection d’une ligne de chemin de fer faisant la jonction entre les régions minières congolaises et le port angolais de Lobito, sur l’océan Atlantique…

“Durant ces dernières années, la relation entre les Etats-Unis et l’Angola a fait d’énormes progrès“, s’est réjoui Austin. Ça c’est du solide. Le Gabon, qui lui aussi a bousculé dans le côté obscur de la force, ne pourra pas en dire autant. Après sa suspension par le Commonwealth jusqu’au retour de l’ordre constitutionnel Washington a décidé de geler une partie de son aide.

Pourtant le coup d’Etat du 30 août dernier au Gabon a ses spécificités et le pays est beaucoup mieux loti que le Mali, le Niger, etc. Mais les USA ne veulent rien savoir. Une ligne rouge a été franchie, la sanction doit tomber. Les Africains devront méditer là-dessus. La punition américaine est un avertissement, si les Africains n’en tiennent pas compte rien de ce qu’ils feront demain ne les sortira des affres de la misère et du sous-développement chroniques.

 

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