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Maroc : Après les tomates en France les fraises gagnent la bataille en Espagne contre les producteurs et les médias

Maroc : Après les tomates en France les fraises gagnent la bataille en Espagne contre les producteurs et les médias

L’Espagne et le Maroc partagent beaucoup de choses : ils ont d’excellentes relations économiques, ils organiseront ensemble la Coupe du Monde 2030 et ont des tas de gros projets dans ce sens, le roi Mohammed VI et le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez ont des liens très solides, etc. Mais le fait est que les deux exécutifs ne tiennent pas tout, ne contrôlent pas tout ; parfois leurs voix portent moins que les intérêts de leurs concitoyens, surtout quand il s’agit de marchés aussi juteux que la fraise. Après les tomates marocaines en France c’est au tour des fraises du royaume d’être vilipendées en Espagne…

«Le secteur marocain des fraises est victime d’une campagne de diffamation espagnole», a asséné le président de l’Association marocaine des producteurs de fruits rouges, Amine Bennani. Cela fait une semaine que les fraises marocaines sont sous le feu nourri des producteurs espagnols, des tirs qui ont un coût pour un secteur qui pèse lourd à l’export au Maroc.

Approché par le média spécialisé Fresh Plaza M. Bennani tente de ne pas verser dans les déclarations incendiaires pour ne pas mettre dans l’embarras Sa Majesté Mohammed VI, mais il a dit les choses, avec force. Il a relaté comment le battage médiatique espagnol a été orchestré pour frapper les produits agricoles marocains, en allant jusqu’à justifier les agressions des agriculteurs espagnols.

Le président de l’Association marocaine des producteurs de fruits rouges n’a pas digéré la façon dont les médias espagnols se sont rapidement enflammés autour de la dite dangerosité des fruits et légumes produits au Maroc. Un traitement discriminant quand on sait que quotidiennement le système d’alerte rapide pour l’alimentation humaine et animale (RASFF) épingle différents produits venant de tous les pays, dont ceux de l’Union européenne. Et les médias espagnols ne pipent mot sur ça. Alors pourquoi cet acharnement sur le Maroc?

On a vu des agriculteurs espagnols pulvériser les cargaisons de fruits et légumes marocains, en exultant devant les caméras, mais en prenant soin de masquer leurs visages pour éviter les poursuites judiciaires. Tout ça avec la complicité des médias locaux. «Dès que le RASFF a émis la notification, nous avons vu comment les médias espagnols se sont jetés sur la question et ont multiplié les émissions de télévision, les manifestations, et ont même utilisé l’incident pour justifier de précédentes attaques contre des camions marocains», a dit M. Bennani sur Fresh Plaza.

«Il est clair que le secteur marocain des fraises est victime d’une campagne de diffamation espagnole. Compte tenu de la rapidité avec laquelle cette campagne est orchestrée, on se demande si ce n’est peut-être même pas prémédité», a-t-il ajouté. Mais il a minoré les effets de cette campagne sur le secteur. «Nous continuons à faire des affaires comme toujours. Nos clients continuent de nous faire confiance et sont parfaitement conscients de la rigueur des autorités marocaines et de l’ONSSA», a-t-il déclaré.

Par ailleurs il a affirmé que les clients en Europe, dans les pays du Golfe et dans d’autres pays «ont analysé les expéditions reçues la semaine dernière et n’ont trouvé aucune contamination», a rapporté le journal marocain Hespress hier mercredi 13 mars. Rappelons que le 4 mars 2024 une note de la RASFF avait ébruité la présence du virus de l’hépatite A dans des fraises importées du Maroc. Les autorités sanitaires marocaines étaient montées au front pour démentir énergiquement.

Immédiatement l’alerte de la RASFF a été «instrumentalisée dans une campagne de diffamation orchestrée contre les producteurs marocains», a déclaré la même source, qui indique que l’ONSSA a aussitôt repéré le producteur mis en cause ainsi que l’usine de conditionnement grâce à un système de traçabilité infaillible.

«Le producteur et le centre de conditionnement ont subi un échantillonnage exhaustif, qui a couvert toutes les phases de manipulation des fruits, depuis les semis jusqu’à l’irrigation, en passant par les serres, les intrants et le centre de conditionnement. Tous les échantillons se sont révélés négatifs, sans hépatite A ni norovirus», a dit le président l’Association marocaine des producteurs de fruits rouges.

«L’ONSSA est allée plus loin en imposant à partir de mercredi un dépistage de toute la production marocaine à la recherche de traces de ces virus. Des prélèvements ont été effectués dans toutes les exploitations agricoles et centres de conditionnement, qui ont été analysés dans les laboratoires de l’ONSSA», a-t-il ajouté. Et les résultats, qui sont tombés dans les 24 heures, ne révèlent aucune trace d’hépatite A ou de norovirus…

Donc fin de l’histoire ? Il faut le souhaiter, pour les producteurs marocains mais aussi pour l’avenir des relations entre les deux pays…

 

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