On vous parlait hier des investissements directs étrangers (IDE) annoncés au Maroc mais pas encore concrétisés, des IDE qui sont déjà montés à 5,8 milliards de dirhams (près de 580 millions de dollars) en 2023, +56,2%. Cet investissement chinois fait partie de ceux que le royaume attendait : 288 millions de dollars pour monter une unité spécialisée dans la fabrication de matériaux en cuivre, dont des feuilles pour les batteries électriques au lithium.
Avec la position très stratégique du Maroc Pékin se met dans une posture idéale pour alimenter les marchés en Europe, en Amérique, au Moyen-Orient et en Afrique.
C’est le groupe chinois Zhejiang Hailiang qui sera à la manoeuvre, l’annonce a été faite hier mardi 7 mai. Ce gros fabricant de tubes et de barres en cuivre a indiqué, dans un document transmis à la Bourse de Shenzhen, que cet investissement lui permettra de se soustraire aux tensions géopolitiques qui menacent la pérennité du commerce et des chaînes d’approvisionnement…
Le chinois fait allusion au bras de fer avec les Occidentaux, qui reprochent à Pékin de subventionner massivement son industrie, surtout les voitures électriques, ce qui les rend plus compétitives sur le marché international que les véhicules américains et européens.
Zhejiang Hailiang justement monte en intensité dans les installations industrielles à l’étranger depuis que le marché chinois est devenu trop petit pour lui et depuis que les pays occidentaux font la guerre aux produits chinois. L’an dernier le groupe a annoncé la construction d’une usine de feuilles de cuivre pour batteries au lithium d’une capacité de 50 000 tonnes en Indonésie…
Le chinois a également des sites de production aux USA, en Allemagne, en France, en Italie, en Espagne, au Vietnam et en Thaïlande. Le Maroc s’ajoute à la longue liste. La nouvelle usine devrait sortir 50 000 tonnes d’alliages, 35 000 tonnes de tubes, 40 000 tonnes de barres et 25 000 tonnes de feuilles par an. Il faudra 36 mois pour achever le chantier.
Rabat a scellé des pactes de libre-échange avec une pléthore de pays occidentaux, dont les Etats-Unis et des membres de l’Union européenne. Ça permet au royaume de s’ouvrir des marchés, a argué Hailiang. Le chinois a ajouté que le projet prospérera grâce à un faible coût des matières premières du fait des immenses réserves en Afrique.
La Chine a annoncé en janvier dernier qu’elle reviendra en force sur le continent après des années de léthargie, mais que cette fois elle boudera certains partenaires traditionnels pour explorer d’autres horizons, manifestement le Maroc fait partie des nouveaux chouchous. Pékin n’est pas seul sur le coup en Afrique, les USA aussi montrent les muscles, s’ajoutent l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, l’Inde… Bref, les minerais africains seront au coeur d’une bataille mondiale.
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