On se demandait ce que le président Emmanuel Macron, qui était visiblement éploré quand il a rencontré les familles des victimes du 7 octobre, allait sortir de son chapeau pour convaincre Israël du soutien indéfectible de la France. Macron a tenu à frapper fort à Jérusalem, avant sa prochaine rencontre avec le président de l’Autorité palestinienne (lui aussi aura droit à des gages et promesses) : il propose de monter une coalition internationale contre le Hamas, du même type que celle qui a ferraillé contre l’Etat islamiste (Daech). Le chef de l’Etat français a osé…
Il a dégainé cette proposition surréaliste ce mardi 24 octobre, à la surprise générale. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu était certainement ravi d’entendre que la coalition internationale qui opère actuellement en Irak et en Syrie contre Daech combattra “aussi (…) le Hamas“. Mais il doit aussi s’interroger sur la faisabilité de la chose, sur sa matérialité. Qui suivra Macron, comment ? Même le président américain Joe Biden, qui pourtant a poussé toutes les limites jusqu’à l’horreur absolue, n’est pas allé jusque-là.
Mais pour Macron c’est la seule réponse à “une page noire de notre propre histoire“, en évoquant les Franco-Israéliens qui ont été fauchés par le Hamas le 7 octobre, 30 exactement et ceux retenus en otage par le groupe islamiste palestinien, 9 au total. Manifestement Macron prend la chose très au sérieux, avec tout de même une opération – dénommée Chammal – qui apporte “un soutien militaire aux forces irakiennes engagées dans la lutte contre Daech“, dit le ministère des Armées sur son site.
On parle quand même du nec plus ultra en matière d’avion de chasse, les fameux Rafale, des Mirage 2000 – ils ont été retirés dernièrement -, et toute cette armada bombarde les planques de l’État islamique. A ajouter à la flotte française qui campe en Méditerranée et à Abou Dhabi, les forces aériennes et de renseignements logées en Jordanie, etc. Bref, c’est du lourd, du très lourd. Vous imaginez un tel dispositif, même à minima, dans l’enclave palestinienne de Gaza.
L’axe Irak-Syrie et Gaza à côté… Est-ce que Macron aurait oublié qu’on est à une toute autre échelle ou l’a-t-il déballé sciemment juste pour mettre du baume dans le coeur des Israéliens meurtris, même au prix de promesses qu’il ne tiendra pas parce qu’impossibles à tenir ?
Par ailleurs même en France certains et pas des moindres considèrent le Hamas comme un “mouvement de résistance“ et de libération, ce qui d’ailleurs vaut à la députée Danièle Obono les foudres de la Justice. Et justement si Macron plaide à Israël la fin de la colonisation et la solution à deux Etats c’est bien parce qu’il en est arrivé à la conclusion – il vaut mieux tard que jamais – que les terres palestiniennes sont occupées illégalement et qu’il faille les restituer. Enfin M. le Président un peu de cohérence !
A ce qu’on sache Daech n’a rien à libérer, ce qu’il veut c’est conquérir, c’est coloniser les consciences et semer l’obscurantisme partout dans le monde. C’est la raison pour laquelle les USA ont pu mobiliser autant de pays pour exterminer l’Etat islamique qui avait pignon sur rue en Syrie et en Irak. Au sein du Hamas certains ont les mêmes objectifs que Daech, on ne peut pas le nier, mais ils n’ont jamais eu la prétention d’aller au-delà de leurs frontières.
Macron oublie ou fait semblant d’oublier que si le groupe islamiste a prospéré à Gaza – même s’il est en perte de vitesse – c’est parce que le Fatah du leader historique Yasser Arafat n’a tenu aucune de ses promesses. Si c’était le cas on n’aurait pas le 7 octobre, toutes les tragédies qui l’ont précédé et toutes celles qui suivront. Je suis certain qu’il n’est nul besoin de le rappeler au président français, il le sait pertinemment mais ça ne cadre pas avec son agenda actuel. Il sortira certainement des propos plus censés chez Mahmoud Abbas.
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