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Un triomphe pour Mélenchon, de Villepin, Panot… : Macron plaide en Israël la fin de la colonisation et la solution à deux Etats

Un triomphe pour Mélenchon, de Villepin, Panot… : Macron plaide en Israël la fin de la colonisation et la solution à deux Etats

Le président français Emmanuel Macron avait dit le 19 octobre qu’il irait en Israël “quand c’est utile (…). Si je vais dans la région, c’est pour essayer d’apporter une solution utile“. On y est. Il a débarqué ce mardi 24 octobre chez Benjamin Netanyahu, un voyage sous le sceau de l’équilibrisme, une posture traditionnelle de la France sur laquelle le chef de l’Etat a été contraint de revenir, du fait de l’agitation politique et sociale chez lui. C’est un Macron fortement bousculé qui visite Jérusalem…

Macron n’est pas Prophète chez lui, il devra le devenir

Contrairement à son homologue américain Joe Biden il n’est pas Prophète en France, ni d’ailleurs en Israël. Si aux USA la cause israélienne est entendue, de tous bords (à quelques nuances près quand les démocrates sont au pouvoir), l’Hexagone reste fidèle aux débats d’idées passionnés, clivés, avec l’expression de désaccords très profonds. C’est ce qui est arrivé hier au Parlement français : Une discorde sur la riposte de l’armée israélienne suite à l’attaque du 7 octobre perpétrée par le Hamas.

La France doit avoir le courage de la paix et exiger le cessez-le-feu. Nous autres, insoumis, n’aurons pas à rougir devant l’Histoire !“, c’est ce qu’a tweeté la cheffe des députés de la France insoumise (LFI), Mathilde Panot, hier lundi 23 octobre après son discours très énergique à l’Assemblée nationale. «‘Cessez le feu’. Voilà les mots que vous vous refusez toujours à prononcer», a-t-elle lancé en direction du gouvernement, qu’elle a accusé de «ne pas dénoncer avec la même force» les «crimes de guerre perpétrés par le Hamas et ceux perpétrés par l’armée israélienne»…

«La France, autrefois voix de la paix à travers le monde, est entre vos mains devenue un État aligné. Aligné sur les États-Unis et sur le gouvernement israélien va-t-en guerre d’extrême droite», a ajouté l’insoumise.

Cette voix, celle forgée par le général de Gaulle, a été portée très haut par le gaulliste Jacques Chirac, ce qui a valu à la France l’estime et la considération du monde arabe. La route s’est perdue dans les méandres des errements du successeur de Chirac, le très à droite Nicolas Sarkozy. Heureusement que les Français ne lui ont accordé qu’un seul mandat. Le socialiste François Hollande a fait ce qu’il a pu en 5 ans, mais de toute évidence il n’a pas pu corriger toutes les erreurs de son prédécesseur.

La droite fidèle à elle-même et Marine Le Pen rattrapée par son papa antisémite

La présidente du groupe parlementaire LFI n’est pas la seule à monter au front, toute la gauche y compris les écologistes l’a fait. Evidemment la droite et l’extrême droite voient les choses autrement, avec une Marine Le Pen qui a tenté de prendre ses distances, encore une fois, avec l’antisémitisme notoire de son papa, Jean-Marie, à qui on doit la percée de l’extrême droite en France. C’est tout ce bagage très lourd que le président Macron trimbale avec lui en Israël.

Ce voyage ne sera pas simple, dans son positionnement comme dans sa portée. De ce qu’on en sait le chef de l’Etat français va revenir aux fondamentaux traditionnels de son pays. Certes il va défendre énergiquement l’Etat hébreu et son droit à riposter – ou plutôt se venger – après l’incursion sanglante du Hamas. Mais il va aussi, dit-on, plaider pour une vraie perspective de paix, avec un arrêt total de la colonisation et ce que tous les amoureux de la coexistence pacifique disent depuis des décennies : Une solution à deux Etats…

Cette ligne l’exécutif français l’avait égarée et avec Macron on revient de très loin. Dès les premières heures de l’attaque du 7 octobre il avait adopté une posture très dure, exactement comme celle du président américain Joe Biden. Macron avait versé dans l’émotion alors que la France nous avait habitué à une hauteur de vue sur les grands dossiers internationaux.

La tonalité de l’allocution présidentielle du 12 octobre n’était pas très différente. Il a fallu attendre le 19 octobre pour avoir une inflexion, dans la droite ligne des canaux traditionnels de la diplomatie française. Et la Première ministre Elisabeth Borne a accentué le virage hier devant les députés. Il était grand temps.

Merci au Conseil d’Etat, au Tribunal administratif, aux Pro-palestiniens…

Bien entendu ces développements ne vont pas de soi, les deux camouflets administrés à l’exécutif par le Conseil d’Etat et le Tribunal administratif sont pour beaucoup dans ce réveil tardif mais salutaire. Il y a aussi la persistance et la montée en puissance des manifestations pro-palestiniennes, qui portent les germes de la division et de l’explosion sociale, et d’ailleurs Macron l’a admis…

Et puis il y a aussi le poids des voix de la conscience collective, avec tous les risques que ça induit en ces temps agités. Le chef de file de LFI, Jean-Luc Mélenchon, avec la singularité et le courage politique qu’on lui connait, à été le premier à secouer cette France pro-israélienne jusqu’à l’aveuglement. Il y a eu aussi la sortie de haute facture du gaulliste Dominique de Villepin, ancien Premier ministre et ancien ministre des Affaires étrangères de Chirac…

C’est tout ça qui a imposé à Macron un retour sur le positionnement historique de la France : Un oeil plus appuyé pour les déshérités de la Terre, et là en l’occurrence ce sont les Palestiniens, indiscutablement.

 

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