Quand on vous disait qu’avec le gouvernement de Benjamin Netanyahu, le plus à droite et le plus extrémiste – au sens religieux – de toute l’histoire d’Israël, il fallait s’attendre au pire. Le pire on y est déjà. La machine s’est enclenchée samedi dernier, avec l’incursion sanglante du Hamas sur le territoire israélien. Et la machine va s’emballer parce que Netanyahu et sa coalition d’extrémistes ont tout fait pour en arriver là. Le carnage qu’ils font en ce moment à Gaza, semant mort et désolation de manière indiscriminée sur une population de 2,5 millions d’habitants emprisonnés à ciel ouvert, ils ont tout fait pour l’obtenir…
Parti sioniste religieux, Judaïsme unifié de la Torah, Force juive… : Chronique d’une tragédie annoncée
Que peut-on attendre d’un gouvernement composé de 6 partis allant de l’extrême droite aux formations ultra-religieuses (Likoud, Parti sioniste religieux, Shas, Judaïsme unifié de la Torah, Force juive et Noam) ? Rien. Depuis qu’ils sont en place ils n’ont fait qu’étendre les colonies, les destructions de maisons, les brimades, l’oppression, les humiliations quotidiennes pour les nombreux Palestiniens contraints de traverser une pléthore de Check Point pour aller gagner leur pain sur le sol hébreu. Netanyahu et ses acolytes n’ont fait que ça parce que c’est leur projet politique inavoué. Ils n’en ont pas d’autre. Pour les extrémistes religieux qui occupent des postes clés tout doit disparaître pour que seul le judaïsme brille.
C’est dans ce sens qu’ils ont encouragé les colons extrémistes à envahir, pour la énième fois, la Mosquée Al-Aqsa début octobre. Ils ont encore foulé au pied la seule liberté qui reste aux Palestiniens : Prier, s’en remettre au Ciel pour tenter de conjurer leurs malheurs signés par Israël mais aussi leurs tourments causés par des générations de dirigeants palestiniens qui ont tous lamentablement échoué, dans tous leurs combats, que ce soit pour arracher un Etat digne de ce nom ou pour assurer le minimum de dignité à leurs populations.
Raphaël Glucksmann assène ses vérités, après Jean-Luc Mélenchon
“Il n’y aura pas de paix durable sans État palestinien. La punition collective du peuple palestinien est injuste et est contre-productive, c’est ce que recherche le Hamas.” C’est ce qui s’est dit hier lundi 9 octobre dans l’émission C à Vous, sur France 5. Et c’est Raphaël Glucksmann (faut-il rappeler qu’il est de confession juive), député européen, qui l’a dit. Et il n’est pas le seul, le leader de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon aussi, contre vents et marées. Et ils ont absolument raison, c’est frappé au coin du bon sens et Netanyahu ne l’ignore pas, il n’est pas idiot. Mais voilà, ça ne cadre absolument pas avec ses projets, avec son sombre dessein. Un Etat palestinien il n’en veut pas, il n’en a jamais voulu…
Ce qu’il voulait c’était enjamber la cause palestinienne, l’écraser pour pactiser directement avec les pays arabes, dans la droite ligne des Accords d’Abraham impulsés en 2020 par l’ex-président américain Donald Trump. Ce document ne prévoit rien pour la Palestine, à part lui prendre Jérusalem pour en faire la capitale exclusive d’Israël. Et Netanyahu était en train de réussir sa petite affaire, en témoignent ses accords historiques avec Bahreïn et les Emirats arabes unis. Avec leur parrain, le gros morceau, l’Arabie saoudite, c’était en très bonne voie. L’incursion sanglante du Hamas remet tout en cause.
Ce que le Hamas ne dira jamais, le parrain iranien non plus
Quelle que soit sa puissance le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salmane pourra difficilement fermer les yeux sur des milliers de civils gazaouis massacrés par Tsahal, surtout les femmes et les enfants. Ben Salmane continuera d’avancer vers Israël, c’est certain, mais ce sera beaucoup plus difficile à faire avaler à la rue arabe. Et c’est aussi ce que les radicaux du Hamas et leur protecteur, l’Iran, cherchaient, il ne faut pas s’y leurrer. Téhéran fera tout pour torpiller le rapprochement entre ses deux ennemis historiques, Riyad et Tel Aviv, trop risqué pour la survie des Mollahs iraniens.
Un Etat palestinien à part entière, le Hamas le veut aussi mais pas pour les mêmes raisons que le Fatah de Mahmoud Abbas. Ce que le mouvement islamiste veut c’est un Etat théocratique, exactement comme en Iran ou en Afghanistan. Ce que le Hamas veut c’est le triomphe de l’Islam politique, avec ses errements, son lot de mains coupées, de femmes lapidées sur la base d’accusations souvent complètement fantaisistes, comme dans toutes les Républiques islamiques. C’est ce projet de société funeste que proposent les extrémistes religieux aux Palestiniens.
Quand le Hamas a arraché au Fatah le pouvoir à Gaza en 2008, par les armes, après des bains de sang, il a prétexté la nécessité absolue de débarrasser le territoire de la corruption, des rapines, des détournements d’aide, etc. Et les populations locales y ont cru, très sincèrement. A l’arrivée rien n’a changé, ça a même empiré. Un système a remplacé un autre et les privilèges (l’argent du Qatar, des Européens, des Américains, des Nations Unies, etc.) sont passés à d’autres mains. C’est tout ce qui a changé à Gaza, hélas.
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