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UE-Chine : Le deuxième jalon vers la guerre économique et les explosifs ne maquent pas

UE-Chine : Le deuxième jalon vers la guerre économique et les explosifs ne maquent pas

Doucement mais sûrement l’Union européenne (UE) file vers l’affrontement économique avec la Chine, dans la droite ligne des frappes de Washington contre Pékin. Après la charge de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, son commissaire en charge du Commerce, Valdis Dombrovskis, est allé faire un tour en Chine. Il y a passé quatre jours et le moins qu’on puisse dire est que les nouvelles ne sont pas bonnes, aussi bien pour les sociétés européennes opérant sur place que pour la deuxième économie de la planète…

Les entreprises européennes sont «inquiètes» en Chine et se posent des questions sur leur devenir, a confié le commissaire européen. Le problème majeur ? «L’environnement commercial plus politisé», précise Dombrovskis. Ce sont principalement les lois de sécurité nationale adoptées dernièrement qui incommodent les Européens, les mêmes qui ulcèrent les Américains. «La nouvelle loi sur les relations étrangères et la nouvelle version de la loi anti-espionnage inquiètent grandement notre communauté d’affaires» car «leur ambiguïté laisse trop de marge d’interprétation», a indiqué la même source.

Cette conjoncture anxiogène imposée par Pékin a poussé 11% des entreprises européennes sondées à délocaliser leurs investissements, d’après la Chambre de commerce de l’UE, qui a mentionné ce facteur dans son rapport annuel. Cette affaire s’ajoute aux autres griefs contre les pratiques commerciales chinoises en Europe, qualifiées de «déloyales» par la Commission européenne, notamment les subventions publiques massives qui avantagent nettement les véhicules électriques chinois sur le marché européen.

D’ailleurs Mme von der Leyen a annoncé le 13 septembre 2023 une enquête antisubventions sur les voitures chinoises. Bon, l’UE n’avait pas besoin d’une enquête pour établir les entorses de Pékin aux règles de la concurrence, la Chine ne s’en cache pas. Mais si l’UE y va par petits pas c’est justement pour éviter de déclencher une guerre économique aux conséquences incalculables. D’ailleurs Pékin n’a pas hésité à qualifier cette investigation européenne de décision «protectionniste» qui aura «un impact négatif sur les relations économiques»…

Donc Bruxelles et Pékin ont décidé de temporiser et de discuter régulièrement pour solutionner les problèmes. C’est aussi le sens de la visite du commissaire européen au Commerce en Chine. Mais il y a un autre écueil : la position de Pékin sur la guerre en Ukraine. Le refus catégorique du président Xi Jinping de se désolidariser de son “ami” Vladimir Poutine «nuit à l’image» de la Chine, a averti Dombrovskis…

«Il y a (…) un risque en termes de réputation pour la Chine» et cette orientation «nuit à l’image du pays, non seulement vis-à-vis des consommateurs européens, mais aussi des entreprises (…). Il est donc très difficile pour nous de comprendre la position de la Chine sur la guerre de la Russie contre l’Ukraine, car elle viole les principes fondamentaux de la Chine», a-t-il dit.

Il n’est pas certain que les coups de semonce européens feront bouger Jinping. Rappelons que le mois dernier son ministre de la Défense Li Shangfu a passé 6 jours en Russie et en Biélorussie, sa deuxième visite à Moscou cette année. Et le président russe est attendu en Chine en octobre prochain. De toute évidence Jinping ne réduit pas la voilure, au contraire il accélère vers Poutine. Ce qui justement pose un problème aux Européens, gênés aussi vis-à-vis du premier soutien de l’Ukraine, les USA.

En avril dernier le président français Emmanuel Macron avait pourtant défendu chez Jinping la nécessité absolue de soigner la qualité des relations entre l’UE et la Chine, et de ne pas verser dans le suivisme sur la posture guerrière des Etats-Unis, chose que lui avait vertement reprochée l’ex-président américain Donald Trump. La grogne croissante des Européens contre les Chinois plaira certainement à Washington. Le président Joe Biden ne se gênera pas souffler sur les braises

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