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Algérie-Émirats arabes : L’escalade, Abou Dhabi en passe d’arracher à la Sonatrach un de ses plus gros clients

Algérie-Émirats arabes : L’escalade, Abou Dhabi en passe d’arracher à la Sonatrach un de ses plus gros clients

L’Algérie et les Émirats arabes unis sont à couteaux tirés depuis des mois. La tension monte crescendo depuis le 10 janvier dernier, quand le Haut conseil de sécurité (HCS) algérien a pointé les maoeuvres «hostiles» d’un pays arabe, qui n’a pas été désigné nommément mais tout le monde a compris que la pierre est jetée dans le jardin des autorités émiraties. Cette nouvelle affaire explosive ébruitée par la presse espagnole pourrait envenimer les relations entre Alger et Abou Dhabi…

D’après les médias espagnols Taqa, la holding émiratie spécialisée dans l’eau et l’énergie (Abu Dhabi National Energy Company), fait des pieds et des mains pour racheter un ténor du bassin méditerranéen dans l’énergie, l’espagnol Naturgy. L’information a été confirmée par l’autorité espagnole des valeurs mobilières (CNMV) et par l’entreprise émiratie. Le hic c’est que Naturgy est l’un des plus gros clients de l’algérien Sonatrach.

Il se dit que Taqa a pris langue avec deux des plus importants actionnaires pour qu’ils lui cèdent leurs parts dans Naturgy. Il s’agit des fonds d’investissement GIP et CVC, qui possèdent chacun 20% du capital de Naturgy. Les autres gros actionnaires de l’opérateur espagnol sont la holding espagnole Criteria Caixa (27%), le fonds australien IFM (15%) et la compagnie algérienne, qui contrôle à peine 3,85%. Imaginez le tableau si les Émiratis mettent la main sur 40%. Par ailleurs Abou Dhabi négocie avec l’actionnaire principal Criteria Caixa sur «un éventuel accord de coopération relatif à Naturgy».

«TAQA confirme qu’elle est en pourparlers avec Criteria Caixa en relation avec un éventuel accord de coopération relatif à Naturgy. TAQA confirme également qu’elle est en pourparlers avec CVC et GIP en relation avec l’éventuelle acquisition de leurs parts dans Naturgy», a fait savoir la CNMV dans un communiqué.

Et les choses pourraient se précipiter (c’est toujours le cas quand il y a des sous en jeu, et les Emiratis en ont beaucoup) avec une offre publique d’achat (OPA) sur la totalité du capital de l’espagnol, en vertu de la législation locale qui impose une OPA si un investisseur jette son dévolu sur plus de 30% du capital d’une société cotée en bourse. Abou Dhabi a dépassé ce seuil, alors ça sent le roussi pour la Sonatrach…

Taqa est sur le coup depuis un mois, d’après le média espagnol Cinco Dias. Et le gouvernement espagnol, pour qui Naturgy est une entreprise stratégique, suit l’affaire de près, un dossier doublement politique après la tempête qui a soufflé sur les relations entre l’Algérie et l’Espagne, une alliée du Maroc par ailleurs. De évidence tous les protagonistes marchent sur des oeufs.

La Bourse espagnole s’enflamme déjà, le titre est monté de 1,3% puis +5%. A noter que Naturgy, le principal opérateur de gaz naturel en Espagne, a scellé en novembre dernier avec la compagnie algérienne un accord sur les nouveaux prix. Le texte prévoit la livraison de 5 milliards de mètres cubes de gaz par an, le gaz algérien. Que deviendront ces contrats très juteux après que Taga aura racheté l’espagnol ? On peut craindre le pire…

Le 30 mars dernier lors de sa rencontre périodique avec la presse algérienne le président Abdelmadjid Tebboune s’en était pris “aux agissements” insensés des Emiratis, toujours sans les nommer. Tebboune avait qualifié les dirigeants du pays de personnages animés par le «péché», par «l’orgueil» et qui ne tolèrent pas qu’on leur «refuse ceci ou cela». Si l’entreprise la plus rentable en Algérie et la première dans le Top 500 en Afrique devait perdre le marché espagnol le chef de l’Etat algérien réagirait très mal.

 

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