Ça redémarre entre Paris et Alger, doucement certes mais le fait est assez important pour être souligné. Mercredi 27 septembre 2023 le nouvel ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet, a remis ses lettres de créances au chef de l’Etat algérien, Abdelmadjid Tebboune. Mais le fait marquant est surtout le «message personnel» que le président français Emmanuel Macron a envoyé à son homologue algérien. L’ambassadeur ne dira pas un mot sur son contenu, Macron et Tebboune n’auraient pas du tout aimé. Mais cette lettre en soi est un événement vu qu’il ne passe rien de notable entre les deux chancelleries depuis des mois, à part les échanges commerciaux, très bons du reste…
L’ambassadeur de France démarre fort
On ne sait pas si Macron a évoqué dans ce message la visite de Tebboune à Paris sans cesse renvoyée depuis l’exfiltration en Tunisie, par la France, de la militante algérienne Amira Bouraoui, une affaire qu’Alger a prise comme un affront majeur. On ne sait pas si le président français évoque dans sa lettre le dernier coup porté par Alger à l’enseignement du français dans les écoles privées. Mais à en croire la tonalité des propos de Stéphane Romatet il y a des raisons d’espérer un nouvel élan dans les rapports tourmentés entre l’Algérie et son partenaire historique.
«J’entame ma mission par un agenda positif», a déclaré publiquement l’ambassadeur de France, qui a fait part de son empressement à servir dans un pays «si proche de la France». Le diplomate évoque une relation «exceptionnelle de densité» et martèle que «tant de choses relient les deux pays», des liens cimentés par l’histoire, la géographie et «la densité des relations humaines et l’interdépendance des sociétés des deux pays».
Son Excellence a appelé à un «dialogue confiant», une «relation de proximité» et un «agenda commun», en profitant de l’élection de l’Algérie au Conseil de sécurité pour «intensifier le dialogue sur les grandes questions politiques».
En tout cas l’appel est lancé, on verra les actes que poseront la France et l’Algérie prochainement. Ce qu’on sait c’est que le message de Macron arrive après la toute première rencontre entre le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf et la cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna, à New York en marge de la 78ème Assemblée générale de l’ONU…
Avant cela le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères, Lounes Magramane, a co-présidé à Paris avec son homologue française Anne-Marie Descôtes la 10e session des consultations bilatérales algéro-françaises. Donc il y a du mouvement entre les deux pays et dans le bons sens. Reste le voyage de Tebboune en France, seule cette visite permettra de déminer tout le terrain et rapidement.
Tebboune devra renvoyer l’ascenseur en allant à Paris
Rappelons que cette visite a été annoncée pour mai dernier, par Tebboune lui-même, puis en juin. Paris l’attend toujours. Alors qu’entre temps le président algérien est allé jusqu’en Russie et en Chine, en juin et juillet derniers, pour y dessiner l’Algérie de demain. Nul doute que le partenaire historique, la France, l’a très mal pris même si elle n’en a rien dit pour ne pas enflammer davantage la situation.
Officiellement le voyage à Paris n’est pas annulé, comme l’a dit Tebboune en août dernier. Dans un entretien avec la presse locale il avait déclaré que la visite est encore d’actualité et qu’Alger attend juste le déroulé de la part de la présidence française. Il avait ajouté qu’une visite d’Etat n’est «pas une visite touristique» et qu’elle doit «déboucher sur des résultats»…
Bon, cette sortie destinée à apaiser les tensions n’avait pas convaincu tout le monde, deux côtés mais elle avait permis de donner de petits gages de paix après la sortie au vitriol de l’agence de presse officielle algérienne (APS) contre France 24, accusée d’avoir fait une couverture tendancieuse et outrancière sur les incendies qui avaient ravagé plusieurs localités en Algérie en juillet dernier.
Macron est venu à Alger en août 2022 avec une délégation de 90 personnes et en octobre 2022 il y a dépêché sa Premier ministre Elisabeth Borne, accompagnée par presque tout le gouvernement français. Tant que Tebboune ne renverra pas l’ascenseur il y aura des étincelles dans l’air. C’est cette visite à Paris qui fera retomber le soufflet et calmera les potentiels successeurs de Macron qui fomentent déjà la rupture avec l’Algérie.
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