En novembre 2021 on n’est pas passé loin de l’affrontement armé quand trois ressortissants algériens ont été tués entre Nouakchott (Mauritanie) et Ouargla (Algérie). Alger avait pris sur lui pour étouffer les tambours de la guerre et passer l’éponge, difficilement mais il l’a fait pour éviter un drame régional. Bis repetita mardi dernier mais cette fois de l’autre côté. Deux vacanciers franco-marocains auraient trouvé la mort suite à des tirs des garde-côtes algériens. Les victimes se seraient “égarées en jet-skis” dans une zone maritime algérienne, à la frontière avec le Maroc, cette frontière hermétiquement fermée depuis 1994, une éternité…
Les médias marocains ont rapporté hier jeudi 31 août cet incident, en citant un témoin de la tragédie. D’après le site d’information Le360 Bilal Kissi et Abdelali Mechouer ont été abattus mardi dans la soirée aux abords de la ville côtière marocaine de Saïdia (nord-est du pays). Un troisième individu, également franco-marocain, Smaïl Snabé, a été interpellé par les garde-côtes algériens et conduit devant un procureur, indique la même source, qui se base sur d’autres “sources concordantes“.
Jusqu’ici ni Rabat ni Alger n’ont officiellement ce drame. Les deux chancelleries doivent certainement être en train d’étudier la meilleure manière de réagir pour éviter soigneusement un embrasement général dans lequel tout le monde perdrait. Par ailleurs cet incident survient après des tentatives du Maroc de reprendre langue avec le frère ennemi, l’Algérie ; du moins c’est ce qu’a laissé entendre le dernier discours à la nation du roi Mohammed VI à l’occasion de la Fête du Trône.
“Nous nous sommes perdus mais on a continué jusqu’à ce que nous nous retrouvions en Algérie. Nous avons su que nous étions en Algérie car un zodiac noir algérien est venu vers nous, il a commencé à zigzaguer comme s’ils voulaient nous renverser“, a confié Mohamed Kissi, le frère aîné de Bilal, au site marocain Al Omk. Il a ajouté que la marine royale est arrivée à la rescousse pour le ramener à la marina de Saïdia…
“Ils (les occupants du zodiac) ont tiré sur nous. Dieu merci, je n’ai pas été touché mais mon frère et mon ami, ils les ont tués. Ils ont arrêté mon autre ami (…). Nous nous sommes perdus et nous étions en panne d’essence“, a-t-il indiqué.
Approché hier jeudi par les médias locaux le porte-parole du gouvernement marocain, Mustapha Baïtas, a refusé de s’exprimer sur ce sujet brûlant, il s’est contenté de dire que c’est “une affaire qui relève de la compétence du pouvoir judiciaire“. Idem du côté algérien et à l’ambassade de France au Maroc : Motus. Tout le monde est conscient qu’on marche sur des oeufs.
Rappelons que depuis août 2021 Rabat et Alger ont rompu tout lien diplomatique. Le Qatar, qui s’active sur cet épineux dossier, devra en faire beaucoup pour ramener les deux pays à de meilleurs sentiments. Très probablement cette affaire sera soldée par les générations futures qui ignorent tout des ressorts et soubassements de ce conflit artificiel qui n’a aucune raison d’être objectivement, qui plombe le décollage de toute la région, une guerre fratricide attisée par les médias des deux côtés…
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