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France : Jean-Marie Le Pen en a rêvé, c’est Bardella qui dira ces horreurs sur une grande radio publique

France : Jean-Marie Le Pen en a rêvé, c’est Bardella qui dira ces horreurs sur une grande radio publique

Jean-Marie Le Pen en a rêvé, c’est sa fille Marine Le Pen qui l’a fait. L’artisan de l’extrême droite en France, à travers le Front national (FN), a multiplié les outrances en son temps, les ignominies, les écarts de langage et beaucoup de condamnations sont tombées sur sa tête. Il n’a jamais réussi à briser le plafond de verre. Et quand il a eu la velléité de le faire au deuxième tour de la présidentielle en 2002, face au président sortant Jacques Chirac, il a été écrasé par le Front républicain. Ce dernier a vécu. La fille du bourreau des Algériens, une redoutable avocate, a su mener sa barque, policer son discours et l’imposer dans une conjoncture internationale de montée des extrémismes et du populisme. Les outrances du Rassemblement national (RN), qui a recyclé le FN, sont dans l’air du temps au point que Jordan Bardella s’est autorisé des horreurs sur les femmes afghanes réfugiées en France…

Bardella en a beaucoup dit, beaucoup trop

Le jeune président du RN, à peine 28 ans (Le Pen lui a laissé les clés de la maison en 2022 pour s’occuper de ses 89 élus au Parlement), décidément fait feu de tout bois, jusqu’à tenter des arrangements ignobles avec le droit d’asile. Il veut bien que son pays sauve des vies au nom d’un devoir universel mais si et seulement si ça rapporte quelque chose. Bardella a osé dire ce mercredi 25 octobre que la France n’aurait pas dû abriter les femmes qui vivent un enfer sous le règne des talibans en Afghanistan car elles n’apportent pas «de plus-value» à la République.

«Je ne vois pas la plus-value pour la société française d’accueillir des gens de Tchétchénie ou des gens d’Afghanistan», a assumé publiquement, sur France info, le jeune leader d’extrême droite. Le député européen du RN donnait son avis sur le nouveau Projet de loi sur l’immigration, un texte déjà très polémique qui sera débattu au Parlement d’ici la fin de cette année…

«L’Afghanistan au regard du droit d’asile n’est pas un pays en guerre. L’Afghanistan est très certainement un pays en guerre civile compte tenu de l’arrivée des talibans au pouvoir mais ce n’est pas un pays en guerre», a martelé le président du RN.

A noter que d’après les chiffres de l’Ofpra, sur 131 000 demandes d’asile déposées en France l’an dernier 17 000 concernaient des Afghans. Sauf que les données de l’accueil des femmes afghanes en dehors de ces procédures sont insignifiantes : à peine 5, qui s’étaient réfugiées au Pakistan, ont atterri en France en septembre 2023, la toute première arrivée depuis le retour des talibans au pouvoir…

Donc ça ne mérite pas cette débauche d’énergie de la part de Bardella. On est très loin de cette invasion d’Afghanes qu’il veut mettre dans la tête des Français, qui déjà ne maquent pas de fantasmes en la matière. Mais ça c’est une des recettes de l’extrême droite, qui fonctionnent très bien d’ailleurs en ces temps tourmentés où la déraison et l’irrationalité sont reines.

Le poulain de Marine Le Pen n’en a pas terminé, il ajoute : «Je pense que la France n’a pas vocation à devenir la patrie de tout le monde au risque demain de n’être la patrie de plus personne (…). Quand on ouvre nos frontières à des gens qui viennent sur le sol français, qui bien souvent ne partagent ni nos modes de vie, ni notre langue, ni notre culture, qui parfois portent atteinte à la sécurité nationale, quelle est la plus value pour mes concitoyens, mes compatriotes et mon pays d’accueillir des peuples du monde entier sur le sol de la République française ?».

Et à ceux qui s’en offusquent – de moins en moins nombreux hélas – il leur jette à la face qu’il est parfaitement à l’aise avec son «humanité (…) d’abord à l’égard des Français qui subissent tous les jours la violence de gens qui n’ont rien à faire sur le territoire français». Puis il tire sur le droit d’asile, «devenu une filière d’immigration à part entière».

Ils roulent tous pour l’extrême droite, volontairement ou pas

On en est là au pays des droits de l’Homme. Il faut se pincer pour le croire. Il y a quelques années les sorties de route de Jean-Marie Le Pen provoquaient une indignation générale véhémente, maintenant Bardella balance les horreurs qu’il veut sur une radio publique de grande écoute et ça passe comme une lettre à la Poste. Les temps ont changé.

Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin piaffe d’impatience depuis juillet 2022 pour imposer “son” Projet de loi sur l’immigration qui, pensait-il, le fera passer pour le héros des temps modernes aux yeux des Français. Il n’a pas vu venir Marine Le Pen et le jeune Bardella. Tout l’activisme de Darmanin sur les étrangers radicalisés, sur Karim Benzema, l’abaya et le qamis à l’école, etc., profite directement à l’extrême droite. En témoignent les sondages sur les élections européennes.

Que voulez-vous quand le très respecté Alain Juppé, membre du Conseil constitutionnel, ancien Premier ministre de Chirac et moult fois ministre fait le jeu, volontairement ou pas, du RN au motif de pourfendre l’islam radical ? Pourtant l’homme, qui a été un excellent maire pour Bordeaux durant 24 ans, ne connait rien de ces problèmes. Dans sa ville les associations musulmanes avaient pignon sur rue, prospéraient en toute quiétude et en parfaite harmonie avec le cadre républicain. Mais Juppé aussi a été gagné par cette irrationalité ambiante alors qu’il était censé être immunisé par sa retraite politique au Canada où il a expérimenté un modèle sociétal qui fait de la place à tout le monde…

Si Juppé a été contaminé que dire des autres. Ainsi va la France… ou plutôt ne va pas.

 

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