Economie

Les milliards de dollars de Biden : le malheur du Gabon et du Niger fera le bonheur de l’Afrique du Sud et des autres

Les milliards de dollars de Biden : le malheur du Gabon et du Niger fera le bonheur de l’Afrique du Sud et des autres

L’Afrique du Sud mange à tous les râteliers. La capitale sud-africaine, Pretoria, a accueilli en août dernier le 15e Sommet des BRICS ; c’est d’ailleurs là que son élargissement a été acté (6 membres de plus,11 au total). Et maintenant la deuxième économie du continent africain (elle détrônera bientôt le Nigeria) mais aussi la plus endettée fait les yeux doux au grand rival de la Chine et compagnie, les USA. L’Afrique du Sud organise à partir de ce jeudi 2 novembre jusqu’à samedi le 20e Forum de l’AGOA (African Growth and Opportunity Act)…

C’est parti pour deux jours d’intenses tractations avec à la clé un paquet de 55 milliards de dollars, annoncé par le président Joe Biden lors du Sommet USA-Afrique en décembre 2022 à Washington. L’AGOA, validé par le Congrès américain en 2000, est le dispositif phare de la stratégie économique et commerciale des États-Unis en Afrique. 35 pays africains bénéficient de l’exonération de droits de douane pour exporter leurs produits vers les USA.

Il faut au moins ça pour bousculer les Chinois qui eux aussi dégainent le même dispositif et carrément des annulations de dette. Mais attention : Si Pékin n’est pas regardant sur la démocratie et les droits humains Washington si. D’ailleurs cette semaine la liste des pays africains bannis de l’AGOA s’est étoffé : la République centrafricaine, le Gabon, le Niger – tous les deux à cause des coups d’Etat – et l’Ouganda.

Donc pour l’Afrique du Sud, qui est déjà le premier bénéficiaire du dispositif, il y a des places à prendre et peut-être dans la durée. En effet le sénateur de Louisiane John Kennedy a dernièrement soumis un projet de loi au Congrès américain pour proroger de 20 ans le dispositif, jusqu’en 2045. Certes les USA le font essentiellement pour tailler les ailes de la Chine en Afrique mais pour les Subsahariens l’essentiel est ailleurs.

Pretoria et Washington viennent de loin. En mai dernier l’ambassadeur américain avait accusé l’Afrique du Sud d’apporter un appui militaire à la Russie – on parlait d’un bateau bourré d’armes -, violant la neutralité officielle dans la guerre avec l’Ukraine. Depuis la colère américaine est retombée, entre temps une commission indépendante sud-africaine a disculpé partiellement le partenaire de Moscou.

Les enjeux sont très gros : les échanges sous le sceau de l’AGOA pèsent présentement 21% des exportations sud-africaines vers les États-Unis, ils sont passés de 2 à 3 milliards de dollars entre 2021 et 2022. «L’AGOA a joué un rôle essentiel dans le renforcement des liens économiques et la promotion de la croissance et du développement sur le continent africain», a indiqué ce jeudi la présidence sud-africaine dans un communiqué.

Par ailleurs le stock d’investissements sud-africains aux USA a plus que doublé depuis 2011, pour se hisser à 3,5 milliards de dollars en 2020. Les investissements directs étrangers américains en Afrique du Sud ont bondi de plus de 70% durant cette période, pour monter à 10 milliards de dollars. La Chine reste le plus gros acheteur de matières premières sud-africaines mais les Américains cavalent.

Ce qui est certain c’est que l’AGOA il vaut mieux en être. L’Éthiopie, par exemple, a été éjecté en janvier 2022 pour cause de «violations flagrantes des droits de l’homme internationalement reconnus» durant le conflit armé dans la région du nord du Tigré. Un drame économique : les exportations de l’Éthiopie vers les USA étaient passées de 28 millions de dollars en 2000 à près de 300 millions de dollars en 2021, dont près de la moitié dans le cadre de l’AGOA.

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