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Niger : La meilleure croissance en Afrique grâce à un méga projet monté par le Président déchu par les militaires

Niger : La meilleure croissance en Afrique grâce à un méga projet monté par le Président déchu par les militaires

La Banque africaine de développement (BAD) prédit au Niger une croissance à deux chiffres, 11,2%, la plus forte en Afrique cette année et l’une des meilleures dans le monde. A quoi les Nigériens doivent cette bonne nouvelle ? Au pipeline Niger-Bénin, l’oléoduc le plus long du continent, avec quelque 2000 km dont 1250 au Niger. Personne ne parle plus du président déchu, Mohamed Bazoum, aux mains des militaires depuis le coup d’Etat du 26 juillet 2023. Pourtant ce méga projet qui rendra d’immenses services aux populations c’est lui. Personne ne parle plus de Bazoum mais son legs parlera pour lui…

Les militaires putschistes ne le crieront jamais sur les toits mais le président démocratiquement élu à qui ils ont collé des accusations infamantes du genre Haute trahison – entendez par là pactiser avec la France – est aussi celui qui sortira le pays d’une pauvreté endémique. Ce pipeline, opérationnel depuis 2023, fait la jonction entre les puits pétroliers du gisement de l’Agadem, à l’extrême Est du Niger et le port de Sèmè au Bénin. De là le brut nigérien sera exporté pour la toute première fois.

Avant l’entrée en service de ce projet le Niger devait se contenter d’une production d’à peine 20 000 barils par jour et cela dure depuis 2011. Fini les vaches maigres, le pays peut voir grand grâce à la vision de Bazoum. Au départ le Niger avait misé sur le port camerounais de Kribi via le Tchad voisin pour transporter son pétrole puis s’est ravisé, ce sera le corridor béninois. Le chantier a démarré en 2019 et devait s’achever en 2022, mais la pandémie du Coronavirus est passée par là.

Avec cet ouvrage dans lequel les deux pays ont injecté 4,5 milliards de dollars le destin de la région va changer. La China National Petroleum Corporation (CNPC), en charge de la production, pourrait monter à terme à 110 000 barils/jour contre 20 000 présentement. Et grâce à ça le Niger damera le pion aux autres champions de la croissance en Afrique (Sénégal, Libye, Rwanda, Côte d’Ivoire, Éthiopie, Bénin, Djibouti, Tanzanie, Togo, Ouganda), prédit la BAD dans dernier rapport sur les «Performances et perspectives macroéconomiques de l’Afrique».

Les chiffres avancés par l’institution africaine sont presque le triple des évaluations de croissance pour le Niger en 2023 (4,3%). Le bond en avant sera spectaculaire cette année, comme le prévoient les autorités nigériennes dans la Loi de finances 2024, laquelle table sur l’hypothèse d’une levée «progressive des sanctions imposées par la CEDEAO et l’UEMOA, l’embellie du commerce mondial et le raffermissement des cours des produits de base», ainsi que l’amélioration du climat sécuritaire…

Mais rien n’est moins sûr après l’annonce fracassante de la sortie de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) et les bruits inquiétants sur l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine). Si le Niger, le Mali et le Burkina Faso ont officialisé leur départ c’est surtout pour obliger la communauté ouest-africaine à enterrer des sanctions qui font très mal à leurs économies. Le rêve pour ces pays est que ce “chantage” fonctionne sans qu’ils soient obligés de prendre des engagements fermes sur la fin des transitions et la restitution du pouvoir aux civils après des élections. Mais ça reste un voeu pieux jusqu’ici.

Et puis il y a le défi sécuritaire pour le Niger. La région où le pétrole est pompé est fréquemment endeuillée par les incursions des djihadistes. C’est un problème que devra régler la junte militaire sinon toutes les prévisions de la BAD et du gouvernement voleront en éclats. C’est valable aussi pour les voisins et alliés, le Mali et le Burkina Faso…

 

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