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Royaume-Uni : La Cour suprême rend au pays son humanité, après le limogeage de la ministre de l’Intérieur et le retour de Cameron

Royaume-Uni : La Cour suprême rend au pays son humanité, après le limogeage de la ministre de l’Intérieur et le retour de Cameron

Le Royaume-Uni doit deux choses à l’ancien Premier ministre Boris Johnson, qui a été balayé par ses propres turpitudes :

1. La sortie de l’Union européenne (Brexit), qui a été un flop monumental et que les Britanniques regrettent amèrement.

2. Un accord financier très polémique avec le Rwanda pour y transférer systématiquement tous les migrants illégaux, réfugiés politiques ou pas. Cette affaire aussi est un échec total, stoppée net par la Cour suprême ce mercredi 15 novembre…

De bonnes nouvelles pour l’image du pays, abîmée par Braverman

C’est indéniablement un camouflet pour le gouvernement de Rishi Sunak mais c’est aussi une bonne nouvelle pour le Royaume-Uni qui retrouve l’humanité que lui avait enlevée Johnson. Pour la plus haute juridiction du pays c’est tout simplement illégal d’expulser vers le Rwanda les clandestins qui demandent l’asile. Les cinq hauts magistrats démontent le dispositif phare du plan du Premier ministre conservateur contre l’immigration illégale.

Sunak et la ministre de l’Intérieur limogée, Suella Braverman, s’apprêtaient à en engranger les bénéfices aux prochaines élections pour lesquelles tous les sondages donnent vainqueur l’adversaire, le Parti travailliste. Braverman, pourtant fille d’immigrés indiens – Sunak aussi -, a été débarquée à cause de ses dérives droitières, jusqu’à l’extrême. Même les conservateurs n’ont pas pu assumer devant l’opinion publique les critiques de l’ex-ministre contre la mollesse de la police lors des dernières manifestations pro-palestiniennes.

Reste la déconvenue pour le Premier ministre. En juin dernier la Cour d’appel avait tranché en déclarant “illégal” l’héritage de Johnson. Selon la juridiction le Rwanda ne pouvait pas être catalogué comme “un pays tiers sûr” car il y avait «un risque réel que les personnes envoyées au Rwanda soient renvoyées dans leur pays d’origine où ils étaient en proie à des persécutions et autres traitements inhumains»…

Toute expulsion vers le Rwanda serait donc «une violation» de l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’Homme, laquelle stipule que «personne ne peut infliger à quiconque des blessures ou des tortures», avait dit la Cour d’appel. «À moins et jusqu’à ce que les déficiences de son processus d’asile soient corrigées, envoyer des demandeurs d’asile au Rwanda sera illégal», martelait la juridiction dans un résumé du jugement.

Sunak n’a pas dit son dernier mot…

Kigali aussi avait protesté, mais pour le président Paul Kagame il s’agissait surtout de se battre pour garder les retombées financières du contrat scellé avec Johnson sur le dos des migrants. Débouté par la Cour d’appel Sunak avait alors saisi la Cour suprême. Deuxième revers. «Ce n’était pas le résultat que nous souhaitions, mais nous avons passé les derniers mois à planifier toutes les éventualités et nous restons totalement déterminés à arrêter les bateaux» qui débarquent sur le sol britannique, commente le Premier ministre.

Sunak n’en restera pas là, il fera tout pour retomber sur ses pieds. Sa survie politique en dépend, avec cette déroute électorale que lui prédisent toutes les enquêtes d’opinions. Le gouvernement planche déjà sur «les prochaines étapes» et s’accroche au fait que la Cour suprême «a confirmé que le principe d’envoyer des migrants clandestins vers un pays tiers sûr est légal», avance Sunak…

«L’immigration clandestine détruit des vies et coûte des millions de livres sterling aux contribuables britanniques chaque année. Nous devons y mettre un terme et nous ferons tout ce qu’il faut pour y parvenir», assène-t-il. Et si l’ancien banquier d’affaires dit qu’il ne lâchera pas l’affaire on peut le croire. Le conservateur a viré sa ministre de l’Intérieur et fait revenir l’ancien Premier ministre David Cameron pour donner au pays un visage plus humain, sous la pression populaire mais il n’est pas devenu un humaniste pour autant.

 

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