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Législatives : 891 candidats contre plus de 15 000 en 2019, Abir Moussi tient sa vengeance

Législatives : 891 candidats contre plus de 15 000 en 2019, Abir Moussi tient sa vengeance

À peine 891 candidatures réceptionnées par l’ISIE (774 hommes et 117 femmes) contre plus de 15 000 aux législatives de 2019, le moins qu’on puisse dire est que le premier pari – celui de la mobilisation citoyenne – est perdu. Pourtant l’instance en charge des élections s’est donné beaucoup de mal pour un finish différent, elle a même mobilisé hier dimanche les municipalités et les délégations régionales. Alors qu’est-ce qui a cloché ? Il y a d’abord le désamour endémique entre les citoyens et la chose politique, même enrobée de la démocratie directe en barrant la route aux partis politiques. Puis il y a les choix personnels du chef de l’Etat, Kais Saied, lesquels de toute évidence n’étaient pas les meilleurs…

On aimerait bien connaitre l’identité des conseillers qui ont soufflé toutes ces choses à l’oreille de Saied. Assurément ils ne lui ont pas fait du bien, encore moins à la 3ème République qu’il a décrétée après le Référendum du 25 juillet 2022. Après une pression monstre, surtout de la part de ses soutiens, le président de la République en était venu à la conclusion que museler complètement les formations politiques n’était peut-être pas la solution idoine et il a rétropédalé. Mais c’était déjà trop tard. Trop peu et trop tard…

L’ISIE a beau rallonger les délais pour changer de bureau de vote (du 25 octobre au 20 novembre 2022) et claironner qu’elle est fin prête pour la campagne électorale – elle démarre le 25 novembre -, à ce rythme là le fiasco total guette. Le chef de l’Etat, Kais Saied, a peut-être pu négocier le virage de la Consultation nationale – et encore – avec un nombre très faible de participants, il a un peu mieux réussi – et encore – le test du Référendum, en tout cas officiellement, mais pour les législatives c’est une toute autre histoire.

C’est une élection qui sera scrutée à la loupe par Abir Moussi et compagnie, pour en rajouter dans la barque du président de la République si ça tournait mal, mais ils ne seront pas les seuls, les partenaires étrangers également. N’oublions pas que le Parlement européen avait donné un quitus à Kais Saied jusqu’à la fin de cette année pour solder tous les comptes, et ma foi le passif de Tunis est très lourd. Chose nouvelle : Même le FMI, qui d’habitude ne met pas son nez dans la tambouille politique de ses partenaires, guette le déroulement du rendez-vous électoral de décembre prochain, d’après les experts…

Le brouillage du message présidentiel a fait de sacrés dégâts : impossibilité pour les partis politiques de faire campagne mais possibilité de participer à minima -, les conditions draconiennes pour obtenir des parrainages, le volte-face spectaculaire de ses soutiens de la première heure, à ajouter au déballage terrible sur les pratiques inqualifiables du ministre, des gouverneurs et des délégués... Il est évident que tout ça ne peut pas faire du bien au projet de Saied.

Les appels, dans le propre camp de Saied, pour différer le rendez-vous électoral du 17 décembre prochain montent en intensité. Le chef de l’Etat les entend-t-il ? Pourra-t-il les entendre quand on sait que le discrédit politique d’un report pourrait être plus nocif qu’une élection et un Parlement frappés de malformation congénitale ? Nous le saurons très rapidement…

 

 

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