Economie

Le pari gagnant de Saied : la lionne UGTT ne rugit plus, cap sur les réformes, le FMI…

Le pari gagnant de Saied : la lionne UGTT ne rugit plus, cap sur les réformes, le FMI…

Le visage de l’UGTT qu’on a vu hier samedi 4 mars n’est pas celui qui a terrorisé tous les gouvernements de l’après-Révolution. De toute évidence quelque chose a changé. La centrale syndicale certes mobilise encore, rassemble, mais c’est sans commune mesure avec le bruit que faisait jadis la toute-puissante UGTT…

Son secrétaire général, Noureddine Taboubi, certes pulse encore, se cabre, éructe et même brave le chef de l’Etat, Kais Saied, mais le rugissement du lion n’a plus la même résonance, ne fait plus trembler la forêt. Tout est parti du pari du président de la République, très osé : Défier la centrale syndicale qui a fait reculer tous les gouvernements depuis le 14 janvier 2011.

Cela a commencé par le fait de ne plus inviter l’UGTT à sa table comme le faisait Feu le président Béji Caied Essebsi, de ne plus solliciter son aval pour décider des grandes affaires du pays. Et ça a continué avec les négociations à Washington, avec le FMI, qui sont presque bouclées alors que Taboubi n’a pas eu son mot à dire, la même institution internationale qui faisait pourtant de l’UGTT un passage obligé. Les temps ont changé…

Cette centrale syndicale qu’on a vue se plaindre de l’impressionnant déploiement policier autour de sa manifestation, ce que personne n’a osé faire avant Kais Saied, ne fait plus peur à l’exécutif. L’ex-président de la République Mohamed Ennaceur a plaidé la cause de l’UGTT, pour que le palais de Carthage l’invite de nouveau à sa table. Mais le chef de l’Etat a maintenu la porte fermée, parce que la conjoncture sociale, politique et surtout économique  est très nettement à son avantage.

Les Tunisiens en ont marre de vivoter dans un pays qui rechigne à se réformer au point de faire fuir les investisseurs, qui est à la traîne au point de se fermer le marché financier international alors qu’il en était le champion régional, un pays dont on ne dit que du mal dans les rapports internationaux. Les citoyens en ont ras-le-bol, ils veulent sortir du trou et avancer comme les voisins.

Et on ne pouvait pas demander à l’UGTT de se tirer une balle dans le pied, de scier la branche dorée sur laquelle elle est assise. Alors puisque manifestement il est impossible d’engager avec l’UGTT toutes ces réformes que tout le monde sait douloureuses, ça se fera sans elle. Le président de la République a très bien compris que le contexte place les cartes entre ses mains, il a décidé de foncer.

Après les coups que Saied a portés au Parlement honni, à Ennahdha, aux contrebandiers, etc., personne ne peut plus douter de sa capacité à tirer profit d’une situation qui lui est favorable. En tout cas pour l’UGTT c’est certainement la fin d’une époque, d’une spécificité bien tunisienne qu’on n’a pas vue même en France, «le paradis du syndicalisme». Une centrale syndicale qui crie plus fort que les dirigeants du pays et décide à leur place, c’est terminé…

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