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Biden retourne le couteau dans la plaie béante de Gaza : C’est la “partie adverse” qui a bombardé l’hôpital

Biden retourne le couteau dans la plaie béante de Gaza : C’est la “partie adverse” qui a bombardé l’hôpital

Appui total et sans réserve à Israël, quoi qu’il décide et fasse, pour répliquer à l’incursion sanglante du Hamas le 8 octobre 2023. C’est officiellement la ligne de la Maison Blanche. On l’a vu à travers l’étreinte très chaleureuse entre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président américain Joe Biden à sa descente d’avion à Tel-Aviv ce mercredi 18 octobre. Et puis il y a la déclaration choc, le poids des mots : «J’ai été profondément attristé et choqué par l’explosion dans l’hôpital à Gaza hier (mardi). Et sur la base de ce que j’ai vu, il apparaît que cela a été mené par la partie adverse». Propos signés Biden…

Les USA y perdront beaucoup de plumes

Par “partie adverse” comprenez le Jihad islamique, reprenant la thèse de l’armée israélienne qui n’a convaincu personne, pas même l’Etat hébreu, que dire du monde arabe. On attendait beaucoup de la visite du président américain, les habitants de Gaza surtout en attendaient beaucoup. Mais personne ne s’attendait à cette sortie surréaliste alors que les Gazaouis meurtris enterrent leurs centaines de morts. L’inhumanité atteint là des sommets.

Le président américain devra se reprendre et attaquer très vite l’autre raison de sa visite qu’il ne peut pas crier sur les toits : Retenir la main de Netanyahu pour qu’il n’y ait pas un autre carnage qui compliquerait la tâche du parrain américain, alors que déjà ses partenaires arabes ont refusé de rencontrer Biden. Il devait faire une tournée triomphale pour rappeler que Washington garde la main sur le devenir du Proche et du Moyen-Orient, il devra se contenter d’un petit tour.

«Nous devons aussi garder en tête que le Hamas ne représente pas tout le peuple palestinien et ne leur a apporté que souffrance», a déclaré le président américain ce matin en Israël. Chiche ! C’est ce que voulaient entendre les Palestiniens. L’aveu est tardif, n’a pas la même force que le soutien affiché au va-t-en guerre Netanyahu mais ce qui est dit est dit. Place aux actes maintenant…

Ça commencera par convaincre l’Etat hébreu de desserrer son étau autour du passage frontalier de Rafah, la seule porte accessible, pour que les dizaines de camions chargés d’aide humanitaire qui affluent en Egypte accèdent à Gaza. On a appris ce mercredi que Tel-Aviv a promis au roi du Maroc Mohammed VI de laisser passer l’aide qu’il fournira aux populations de Gaza. On jugera sur pièce, mais ce qu’il faudra c’est que toute l’aide, d’où qu’elle vienne, arrive à destination et qu’Israël n’en fasse pas une ignoble arme politique pour tordre le bras au Hamas, dans la libération des otages par exemple.

Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître…”

C’est à Biden de veiller sur tout ça. Et évidemment le débarquement de cette aide ne cadre pas avec une incursion de Tsahal dans Gaza. On ne peut pas nourrir et soigner les populations et en même temps les bombarder. Si Israël a jusqu’ici refusé d’ouvrir la porte c’est justement pour ne pas être piégé par l’humanitaire. Mais là le statu quo n’est plus tenable, même pour un sanguinaire comme Netanyahu.

Mais le président américain n’est pas venu que pour ça. S’il projetait d’organiser un Sommet en Jordanie c’est pour donner des gages au monde arabe afin d’éviter un embrasement généralisé. “Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître...”, a écrit Jean-Jacques Rousseau dans son célèbre “Contrat social“. Les USA savent que leurs deux porte-avions, fussent-ils les plus puissants de la planète, ne pourront pas régler tous les problèmes d’Israël dans la durée.

Il n’y aura pas de Sommet en Jordanie mais pour autant ça n’obstrue pas toute perspective de dialogue avec les leaders arabes qui eux aussi ont leurs cadavres dans les placards et ont une peur bleue du soulèvement de la rue. Il faudra discuter, tôt ou tard, pour la simple et bonne raison que c’est l’unique solution pour sortir du cycle des bains de sang. Mais la discussion ne se fera certainement pas avec le premier ennemi de la paix, Netanyahu, dont le retour aux affaires restera l’erreur historique des électeurs israéliens.

Le président américain devra naviguer entre des eaux très troubles, mais c’est lui qui l’aura voulu. Il a une élection à gagner en 2024 et ne peut pas se couper du puissant lobby juif – pas ceux qui manifestent à Washington pour la paix – qui finance les campagnes électorales de tous bords, manoeuvre au Congrès américain et in fine fait et défait les présidents. Mais Biden a aussi ses positions à défendre partout dans le monde. Et la posture des USA en Orient n’a jamais été aussi mauvaise depuis la guerre d’Irak en 2003…

 

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