Un pas en avant, deux en arrière. Le président américain Joe Biden, qui est coutumier des gaffes, en a encore commis une très grosse en envoyant valser tout le travail abattu par son secrétaire d’Etat Antony Blinken en Chine. Alors que les deux pays avaient acté un très frêle rapprochement Biden a tout fracassé en traitant le tout-puissant leader chinois de “dictateur“. Et comme on pouvait s’y attendre l’intéressé n’est pas content…
Le locataire de la Maison Blanche, qui brigue un second mandat en 2024, n’a pas pu s’empêcher de fanfaronner en revenant sur l’épisode du ballon chinois que les forces américaines avaient pulvérisé au motif qu’il espionnait les USA. Pékin avait très mal pris le bruit autour de cette affaire et les effusions médiatiques pour célébrer la puissance américaine. Biden a remis le couteau dans la plaie…
«La raison pour laquelle [le président chinois] s’est tellement énervé quand j’ai abattu ce ballon plein de matériel d’espionnage est qu’il ne savait pas [que cet engin] se trouvait là», a-t-il déclaré en Californie, devant des journalistes et des donateurs du parti qu’il cajole dans la perspective des élections de l’an prochain.
«C’est très embarrassant pour les dictateurs quand ils ne savent pas ce qui s’est passé (…). Lorsque [le ballon] a été abattu [Xi Jinping] s’est trouvé très embarrassé et il a même démenti que [l’aéronef] se trouvait là», a-t-il ajouté.
Le mot qui fâche est lâché. Bon, le fait que Jinping soit un dictateur n’est un secret pour personne, mais le dire comme ça, crûment et publiquement, juste parce qu’on veut montrer les muscles pour faire taire les accusations de mollesse décochées par les républicains c’est très maladroit diplomatiquement. Et surtout c’est incroyablement dangereux pour la paix dans le monde.
Il y a la guerre en Ukraine pour laquelle la Chine jusqu’ici se garde de fournir des armes à sa grande alliée, la Russie, même si ça le démange fortement ; mais il y a surtout le protégé des Américains, Taïwan. Si Washington ménage Pékin, si Blinken a ravalé sa fierté en se rendant chez Jinping c’est surtout pour éviter que la Chine fasse ce qu’elle a dit : Ecraser les Taïwanais sous sa botte. Biden vient de réveiller l’ogre.
Questionnée sur la sortie surréaliste du président américain une porte-parole de la diplomatie chinoise, Mao Ning, l’a dénoncée énergiquement. «Cette remarque de la partie américaine est vraiment absurde, très irresponsable, ne reflète pas la réalité, contrevient aux pratiques diplomatiques et porte gravement atteinte à la dignité politique de la Chine», a-t-elle asséné devant la presse…
«C’est ouvertement une provocation politique», a-t-elle ajouté. Autant dire que c’est comme si Blinken n’avait jamais passé deux jours à Pékin, et d’ailleurs c’était la première visite d’un chef de la diplomatie américaine depuis presque 5 ans. Manifestement Biden a oublié la portée de ce voyage, ou il a fait mine de l’oublier pour montrer aux électeurs qu’il est intraitable avec l’affreux “dictateur” chinois.
Biden n’a pas dit que ça, il a déclaré par ailleurs ceci : «Nous sommes dans une situation où il [Xi Jinping] veut à nouveau établir une relation». Il a souligné que Blinken a fait «du bon boulot» à Pékin, mais qu’il «faudrait du temps» pour recoller les morceaux entre les deux super-puissances…
Le président américain a dit ça comme si ce sont les Chinois qui courent derrière Washington, alors que, faut-il le rappeler, c’est Blinken qui est allé les voir et qui a invité son homologue chinois à lui rendre visite. Autant dire qu’après la boulette signée par Biden ce voyage est renvoyé aux calendes grecques.
«Et d’ailleurs, je vous le promets, ne vous faites pas de souci à propos de la Chine. […] La Chine a de vraies difficultés économiques», a dit par ailleurs le démocrate pour marteler que l’hégémonie américaine demeurera. Jinping s’en souviendra…
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