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France : Au nom de “l’apaisement” la Loi sur l’immigration “disparaît”, un camouflet pour Darmanin

France : Au nom de “l’apaisement” la Loi sur l’immigration “disparaît”, un camouflet pour Darmanin

C’est clairement une reculade, assumée publiquement, dans la droite ligne des 100 jours “d’apaisement” décrétés par le président Emmanuel Macron après le profond traumatisme de la réforme des retraites. La Première ministre Elisabeth Borne était dans ses petits souliers ce mercredi 26 avril, face à la presse. Elle avait plaidé l’accalmie le 7 avril, place au cap fixé pour ramener les Français à de meilleurs sentiments, à moins d’une semaine de l’agitation monstre du 1er mai…

Macron avait évoqué les grandes lignes de ce virage social dans son dernier entretien avec TF1 et France 2 le 22 mars, il avait remis ça le 17 avril, des sorties qui n’ont pas tapé dans la tête et le coeur des citoyens, Borne s’y colle, seule comme une grande, devant les journalistes. Elle plante d’emblée le décor : un agenda «particulièrement dense», et cette fois le gouvernement fera les choses comme il se doit en associant «les élus locaux» et «les partenaires sociaux».

Et le premier sujet polémique à faire les frais de “l’apaisement” est le projet de loi sur l’immigration, un troisième camouflet pour le très remuant ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. «Ce n’est pas le moment de lancer un débat sur un sujet qui pourrait diviser le pays», lâche la Première ministre…

En lieu et place il y aura un sujet moins clivant et qui fait le bonheur de tous : le «pouvoir d’achat». Borne en a profité pour vanter les mérites du coup de pouce face à la montée des prix des carburants ou encore la majoration du Smic, +2% ce 1er mai, «plus 6 % en un an».

Il y a aussi la question des salaires, très populaire et le «partage de la valeur», et cette fois le gouvernement veut bien mettre le paquet en insistant pour que les entreprises négocient franchement avec les syndicats pour des revalorisations substantielles. Il est même question d’y pousser les petites entreprises, à partir de 11 salariés. Borne donne le ton : les boites qui ont plus de 50 salariés «auront l’obligation de négocier sur le partage de la valeur». Un projet de loi gravera ça sur le marbre d’ici trois mois.

Par contre la Première ministre a mis la veilleuse sur deux dispositifs impopulaires : le projet de loi pour faire du Pôle Emploi la France Travail, un levier qui obligera les bénéficiaires du RSA à avoir une activité ; il y a aussi la réforme des lycées professionnels, très décriée par les syndicats.

Par ailleurs cet «agenda social pour un nouveau pacte de la vie au travail» englobera l’emploi des séniors et la pénibilité au travail, deux sujets retoqués par le Conseil constitutionnel le 14 avril.

Sur l’écologie Borne s’engage sur une «accélération dans tous les secteurs et à tous les niveaux» et remet sur la table les 100 milliards d’euros promis au secteur du ferroviaire. Il y a également le Plan eau qui «portera ses fruits dès cet été». Par contre on attend des précisions sur les «véhicules propres à prix accessibles», dès cet «automne». Idem sur le «débroussaillement» des forêts pour barrer la route aux incendies causés par la sécheresse et un projet de loi sur l’industrie verte annoncé pour la mi-mai.

S’agissant de la santé et de l’éducation, deux axes majeurs fixés par Macron pour «renforcer les services publics», la Première ministre dévoile des emplois de plus, dont 6000 assistants médicaux pour «libérer du temps aux médecins», payés par l’assurance maladie et 2000 places supplémentaires dans les instituts de formation en soins infirmiers. Sur l’école elle a réitéré les engagements de Macron : 150 à 500 euros de hausse mensuelle des salaires des enseignants…

Reste le financement de toute cette affaire alors que le ministre de l’Economie Bruno Le Maire s’est engagé à rogner la dette et le déficit publics, colossaux. Borne a été incapable d’avancer une piste sérieuse pour soutenir toutes ces dépenses. Elle a renvoyé tout ça aux calendes grecques, «une future loi de programmation des finances publiques (…) en juillet». Justement le 14 juillet marquera la fin des 100 jours d”‘apaisement“. Rendez-vous est pris.

 

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