A chaque fois que le président américain, Joe Biden, réaffirme sa ferme volonté de défendre militairement sa protégée, l’île de Taiwan, face à l’ogre chinois Pékin fait une démonstration de force pour prouver qu’il peut les avaler en un seul morceau. A chaque fois que les USA organisent des manoeuvres militaires dans la région ou qu’un dirigeant américain de haut rang met les pieds sur l’île en signe de solidarité la Chine réplique par d’impressionnants exercices militaires pour figer le voisinage dans la terreur. Mais cette fois le président Xi Jinping est allé beaucoup plus loin en ordonnant l’encerclement de Taïwan. Jusqu’ici, officiellement, on en est encore aux exercices militaires…
Un autre problème, et pas des moindres, est venu s’ajouter aux pépins de la Maison Blanche : le rival Donald Trump, les élections de novembre prochain, le bazar que le Premier ministre israélien a provoqué au Moyen-Orient, la Russie qui gagne du terrain en Ukraine, etc. Une armada de navires de guerre et d’avions de chasse chinois encerclent Taïwan depuis hier jeudi 23 mai pour évaluer la capacité à «prendre le pouvoir» chez le turbulent voisin. Pékin ne se cache même plus.
Les ennuis ont commencé dès que l’indépendantiste Lai Ching-te a été élu à la tête de l’île, en janvier dernier. La colère de la Chine est montée de plusieurs crans après la prestation de serment du nouveau président taïwanais, lundi dernier. Taïwan «défendra les valeurs de liberté et de démocratie», avait asséné Ching-te. Un «aveu de l’indépendance de Taïwan», aux yeux de Pékin, qui n’a pas été digéré par le tout-puissant Jinping. Il a répliqué hier avec des exercices militaires en guise de «punition sévère» contre les «séparatistes» de l’île qui finiront «dans le sang».
Le but de la manoeuvre est de vérifier la «capacité de prendre le pouvoir et de frappes conjointes, ainsi que de contrôle de territoires clés», a assumé ce vendredi Li Xi, porte-parole du commandement de la région Est orientale de l’armée chinoise. Et cette dernière met le paquet : armée de terre, marine, armée de l’air et même l’unité des fusées. Officiellement le calvaire des Taïwanais s’achève aujourd’hui mais les experts n’excluent pas une prolongation et d’autres exercices prochainement.
D’après la télévision d’État CCTV les officiers de la marine chinoise ont invité leurs homologues taïwanais à ne pas «résister à la réunification par la force». Un graphique animé de l’armée chinoise en a rajouté une louche avec un déluge des missiles s’écrasant sur des cibles sensibles au nord, au sud et à l’est de l’île. L’objectif est clair : Pétrifier les “insolents” Taïwanais, avec leur démocratie et leurs succès économiques alors que la Chine s’enfonce dans une crise sans précédent.
Le but ultime est de prouver à l’île et à son parrain, les USA, que rien ni personne ne peut les protéger de la furie chinoise, que la deuxième puissance du monde a les moyens d’imposer sa volonté. Techniquement c’est vrai mais ce facteur ne sera pas décisif. La Chine a tellement de pépins économiques et financiers et dépend tellement des marchés américains et européens qu’elle se gardera, pour le moment, de provoquer la colère de Washington. On en restera très vraisemblablement à l’intimidation pour terrifier l’île. Mais un accident est si vite arrivé…
Les précédentes manoeuvres militaires chinoises de grande envergure autour de Taïwan avaient été organisées en août 2023, après un voyage de Ching-te, à l’époque vice-président, aux États-Unis. Avant ça il y a eu les exercices spectaculaires d’août 2022, après que Nancy Pelosi, ex-présidente de la Chambre des représentants américaine, a bravé l’interdiction chinoise en se rendant sur l’île. Donc jusqu’ici Jinping et Biden se mesurent à distance, même si les deux armées se sont frôlées à deux reprises. Attention au dérapage incontrôlé.
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