Economie

La prestation de Tebboune en Chine ravira Saied : Un virage anti-occidental assumé, des annonces fortes

La prestation de Tebboune en Chine ravira Saied : Un virage anti-occidental assumé, des annonces fortes

 

Le chef de l’Etat chinois, Xi Jinping, chantre du nouvel ordre mondial et son allié russe, Vladimir Poutine, n’en demandaient pas tant. Ils n’ont même plus besoin de faire la promotion de la fin de la suprématie occidentale dans la gestion des grandes affaires du monde, d’autres éminents ambassadeurs s’en chargent : Les présidents algérien et tunisien, Abdelmadjid Tebboune et son ami Kais Saied. Excusez du peu !

La rébellion gronde, au grand bonheur de Jinping

Par deux fois, dans deux grandes rencontres internationales, le président tunisien a plaidé pour une autre manière de concevoir la coopération économique et financière Nord-Sud, de configurer les relations géopolitiques à l’échelle de la planète. Saied l’a fait en juin dernier à Paris (France) lors du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial et il a remis ça le 23 juillet à Rome (Italie) lors de la Conférence internationale sur le développement et la migration à Rome. Entre temps Tebboune a embrayé lors de sa visite d’Etat en Chine. Son discours diffusé à la télévision chinoise a marqué les esprits…

«L’Algérie est pour l’Afrique ce que la Chine est pour le monde. Nous aussi nous sommes partis de rien», a déclaré Tebboune sur la chaine CCTV. Il a ajouté que la Chine n’a pas d’«arrière-pensée» et qu’elle n’est mue que par la volonté d’”aider ceux qui le demandent».

Bon, rappelons tout de même que Pékin certes est très généreux dans ses dépenses – des prêts -, en Afrique notamment, il lui arrive même d’effacer d’un trait les crédits d’Etats en difficulté. Mais tout ça n’est pas sans contrepartie en termes de concessions majeures dans les économies locales. Et gare à ceux qui ne peuvent pas honorer les échéances de remboursement. Là ce sont carrément des pans entiers de l’économie qui sont cédés. Djibouti en sait quelque chose.

Nous voulons coopérer avec la Chine car c’est un grand pays qui a d’énormes moyens et qui respecte les autres. La Chine n’émet pas d’injonctions politiques, elle ne pose pas de conditions. Il n’y a pas de crainte d’hégémonie de la Chine” , a dit Tebboune, rapporte TSA.

Les 36 milliards de dollars de Pékin n’expliquent pas tout…

L’investissement colossal de 36 milliards de dollars annoncé par Pékin lors de la visite du président algérien n’explique pas tout, ce dernier nourrit depuis longtemps la conviction profonde que l’avenir de l’Algérie doit aussi se jouer dans d’autres directions que l’Occident. D’où la décision d’Alger de rejoindre les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) dès juillet 2022.

Si la Chine est «acceptée en Afrique» c’est parce qu’elle ne verse pas dans les “injonctions politiques (…). Les peuples africains sont conscients politiquement», ce qui empêche le colonialisme de “revenir avec un nouveau visage“, a asséné Tebboune…

«La voix de la Chine est écoutée» dans le monde et elle est devenue une médiatrice entre les États, comme elle l’a fait récemment entre l’Iran et l’Arabie saoudite. “C’est cette politique de rapprochement des gens que nous aimons“, a dit le président algérien, avant d’ajouter ceci : “Nous avons une grande confiance dans la sagesse du président Xi Jinping” et désormais “rien ne se fait dans le monde sans la Chine” .

Et de fait la valse des visites à Pékin pour évoquer les grands dossiers du monde donne raison à Tebboune. Rappelons que le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, étaient chez Jinping en avril 2023. Avant lui il a reçu le chancelier allemand Olaf Scholz, dernièrement le célébrissime entrepreneur Elon Musk, le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken, etc. Bref, ça défile en Chine.

Nous luttons ensemble pour un monde meilleur et plus juste (…). Nous voulons un monde multipolaire. Il faut revoir beaucoup de choses dans les institutions internationales. Le FMI, la Banque mondiale, ne sont pas au service des pays pauvres ou en développement” , a déclaré Tebboune à la télévision chinoise.

Il a rappelé le dossier d’adhésion de l’Algérie aux BRICS et à la banque mise en place par le groupe. Il a annoncé dans la foulée qu’Alger a mis sur la table 1,5 milliard de dollars à titre de contribution initiale au capital de cette banque. Ce n’est pas peu…

La Chine est très loin de pouvoir défier les USA

Mais il en faudra beaucoup plus pour bousculer effectivement l’hégémonie de l’Occident dans la finance mondiale. L’Algérie a peut-être les moyens financiers de ses ambitions mais la Tunisie et tous les autres ne peuvent pas en dire autant. Pour le moment c’est en Europe que Tunis trouve de l’oxygène et pas auprès de la Chine et de ses alliés. Et la situation n’est pas près de changer.

Le sommet des BRICS, programmé en Afrique du Sud le mois prochain, devait poser sur la table la question de la monnaie pour concurrencer le dollar. Finalement il n’en sera pas question, les membres du groupe n’ayant pas les moyens dans l’immédiat d’affronter le courroux des Américains avec qui d’ailleurs ils ont de solides liens commerciaux.

La Chine a beau être la deuxième puissance économique de la planète elle a des problèmes structurels lourds et un développement très inégal dans son immense territoire. Le chômage des jeunes chinois (de 16 à 24 ans), à un niveau historiquement haut en juin dernier (21,3%), rappelle à Jinping qu’il a beaucoup de batailles à gagner avant de se mesurer à son homologue américain Joe Biden.

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