Economie

Le Sénat américain scie la branche de l’Ambassadeur à Tunis, un ami qui nous voulait du bien

Le Sénat américain scie la branche de l’Ambassadeur à Tunis, un ami qui nous voulait du bien

Comment doit se comporter l’ambassadeur dont le pays vient de mettre en branle un arsenal législatif pour rogner encore plus l’aide financière accordée à Tunis, pour cause d’entorses aux droits humains et aux usages démocratiques ? C’est à l’émissaire des USA en Tunisie, Joey Hood, qu’il faut poser la question…

Son Excellence tient toutes ses promesses

L’homme a fait une entrée fracassante sur la scène tunisienne, avec un petit “film promotionnel” – la promotion de sa personne – qui était très risqué sur le plan communicationnel mais qui finalement a conquis son monde, parce que bien fait techniquement, sincère dans sa démarche et avec des messages puissants. Et à l’arrivée Son Excellence n’a pas déçu…

La page Facebook de l’ambassade des Etats-Unis à Tunis fourmille d’activités, de déplacements, d’inaugurations, etc. Pas de doute, le représentant américain, issu d’un milieu modeste, aime son job et le fait bien ; il a une vraie fibre sociale et tient son rang d’émissaire de la première puissance de la planète.

Joey Hood avait dit dès son arrivée en Tunisie qu’il ne s’égarera pas sur le terrain politique et se focalisera sur le partenariat économique et financier. C’est exactement ce qu’il est en train de faire, avec des succès modestes mais éclatants. Vous ne l’entendrez jamais donner son avis sur la trajectoire constitutionnelle et politique du pays hôte, la Tunisie, son patron Anthony Blinken et les sénateurs américains le font déjà copieusement.

L’ambassadeur agit là où il peut, taille dans le vif pour des résultats palpables dans le quotidien des Tunisiens, dans la droite ligne de ce qu’il avait promis lors de son installation. Reste la question des moyens de cette ambition. M. Hood est comme un poisson dans le monde arabe (il a servi au Yémen, en Arabie saoudite, au Qatar,  au Koweït, en Irak…), il en connait toutes les subtilités. Il faudra toute son expérience et tout son doigté pour manoeuvrer sur le terrain local, miné.

Rattrapé par une réalité implacable

L’aide militaire américaine a été divisée par deux au motif que Tunis est trop sorti des clous de la démocratie. Certes le chef de l’Etat tunisien, Kais Saied, a été chaleureusement accueilli par le président Joe Biden lors du sommet USA-Afrique en décembre 2022, mais la Tunisie n’a jamais été invitée par la Maison Blanche au Sommet mondial sur la démocratie. Et la chose a des conséquences sur les rapports entre les deux pays.

Les USA sont devenus les premiers investisseurs au Maroc, détrônant la France ; ils font les yeux doux à l’Algérie où d’ailleurs les grosses compagnies pétrolières américaines ont des méga projets dans le Sahara. Quid de la Tunisie ? Rien, ou pas grand-chose. Hood devra se dépatouiller avec ça, il devra faire ce qu’il peut avec les maigres moyens que son gouvernement mettra à sa disposition.

La donne aurait pu changer si Washington avait donné un coup de main à Tunis pour toucher le pactole du FMI. Mais il faut reconnaître que le chef de la diplomatie américaine, Anthony Blinken, ne brille pas par son ardeur à épauler la Tunisie malgré l’activisme de son homologue italien. À la décharge de Blinken cette affaire dépend essentiellement de la Tunisie, et elle est très rétive aux conditions du FMI, qualifiées de diktats…

Est-ce que la donne changera prochainement ? Nul ne le sait, à part peut-être le président de la République, Kais Saied… et encore. On en est là. L’ambassadeur des USA à Tunis, comme tous les partenaires de la Tunisie, est lesté par cette réalité implacable.

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