Le bras de fer entre le chef du gouvernement et le président de la République est en train de prendre une sacrée tournure, ces derniers jours. Alors qu’au départ, le différend concernait le refus du président la prestation du serment par quatre ou cinq ministres proposés qu’il suspectait de malversations, le duel a évolué. Depuis quelques jours, les revendications du chef de l’Etat n’en sont plus à ce niveau. Son aspiration est de demander la démission de tout le gouvernement Mechichi. Son projet étant de reprendre le droit de choisir son successeur et, ainsi, imposer ses règles du jeu.
Les manœuvres de Kaïs Saïed n’en finissent pas, pour mettre la pression sur Mechichi, le poussant à la démission. Il a, dernièrement tenté de regrouper autour de lui, le plus grand nombre possible de députés, pour les gagner à sa cause. Il serait même arrivé à insinuer qu’ils allaient devoir choisir entre lui et Mechichi.
Mais, alors… Mechichi va-t-il être acculé à démissionner et à abdiquer devant l’entêtement du président ?
Eh bien, tout laisse à croire qu’il n’en est rien. Car Mechichi est très loin d’envisager le moindre retrait. Mais comme il n’est plus dans son intérêt, ni dans l’intérêt de personne, de laisser cette situation s’éterniser, avec les services de l’Etat à l’arrêt. Mechichi, après avoir éliminé la solution du passage en force, sur les recommandations des experts en droit, va se rabattre sur le plan « D », qu’il avait gardé comme ultime recours.
Pour ce plan, Mechichi va commencer par limoger les onze ministres qu’il voulait changer. Ensuite, il va reconstituer son gouvernement, en comptant sur les seuls ministres qui lui resteront. Il ne va pas en nommer de nouveaux. Du coup, il n’aura plus à proposer sa nouvelle formation au vote de confiance de l’ARP, ni à l’obligation de prêter serment. Il va se limiter à un gouvernement de seize ministres qui seront chargés de superviser des ministères regroupés. Plus simplement, il va les charger, chacun de l’intérim d’un des ministres qu’il aura limogé.
Pour ce qui est des ministres qu’il a proposés au dernier remaniement, il a l’intention de les récupérer comme conseillers à La Kasbah. Ce qui leur laissera le loisir de superviser, de fait, les ministères auxquels ils étaient destinés.
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