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Le maître du monde c’est Erdogan pas Biden, il le démontre chez Poutine

Le maître du monde c’est Erdogan pas Biden, il le démontre chez Poutine

Ils ne sont pas nombreux ceux qui s’autorisent à traiter, pactiser et commercer en même temps avec la Russie et l’Occident. Il y a la Chine mais il y a surtout la Turquie. Son président, Recep Tayyip Erdogan, fait feu de tout bois en ce moment pour tenter de juguler une inflation qui atteint des sommets – 79,6% en juillet sur un an – et pourrait tout bonnement atomiser ses chances de réélection en 2023. Alors au nom de l’économie et de la realpolitik Erdogan se permet tout, même requinquer financièrement la Russie alors qu’il est censé l’étrangler économiquement, comme le font ses alliés de l’OTAN…

Il a libéré le blé, il prend en otage tout le reste

Le président turc, au mépris de la ligne occidentale, a posé le premier acte en Iran le 19 juillet dernier, il a embrayé le 5 août chez Vladimir Poutine, à Sotchi, cet endroit paradisiaque où le maître du Kremlin reçoit ses hôtes de marque. Ce qui s’est joué en Russie aurait dû ulcérer les Etats-Unis et les pays de l’Union européenne (UE) qui très officiellement veulent abattre Moscou, au moins financièrement et économiquement. Mais Joe Biden, Emmanuel Macron et compagnie n’ont pas moufté. En tout cas nous ne l’avons pas entendu.

Erdogan, auréolé de son statut de libérateur du blé ukrainien confisqué par la Russie, a tout bonnement négocié avec Poutine et obtenu que les hydrocarbures russes coulent à flot en Turquie, un pays membre de l’OTAN, faut-il le rappeler, donc censé appliquer la cohorte de sanctions internationales. Cerise sur le gâteau – enfin ça dépend pour qui : Erdogan a accepté de se plier aux injonctions de Moscou en payant son gaz en roubles. Que font les Occidentaux face aux bravades répétées du président turc ? Rien…

Pourquoi Européens et Américains ne bronchent pas

C’est la débande du côté des Européens, terrorisés par la perspective que Poutine coupe complètement le robinet cet hiver ; la France fait mouvement vers les pays du Golfe, l’Italie fait route vers Alger, l‘Allemagne court dans tous les sens, etc. Quant au président américain, et bien il peut difficilement taper du poing sur la table vu qu’Erdogan le tient. En effet en vertu des statuts de l’OTAN la Turquie doit apposer sa signature sur l’adhésion de la Finlande et de la Suède, et c’est pas gagné !

L’Alliance est certes une affaire de sécurité pour tous, de défense commune – ce sont les autres qui en ont besoin, pas les USA – mais c’est aussi et surtout un énorme marché pour l’industrie de l’armement américain. Et Biden a ses problèmes internes, économiques et sociaux essentiellement, et doit absolument requinquer le pays s’il ne veut pas être balayé par les Républicains aux élections de mi-mandat en novembre 2022. Sans parler de la très probable Bérézina à la présidentielle de 2024. Donc Biden ferme volontiers les yeux sur les incartades d’Erdogan, pourvu qu’il laisse entrer à l’OTAN les nouveaux clients de Washington.

On entendra encore parler du nouveau Sultan

C’est un cynisme absolu tout ça, mais c’est aussi ça la géopolitique des temps modernes. Et en la matière le maître absolu est sans conteste Erdogan. Il a fait son baptême de feu en novembre 2021, en acceptant l’énorme chèque de ses ennemis historique des Emirats arabes unis. Et depuis plus rien ne le retient. Pas même le fait de rendre visite au prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane (MBS), qu’il a pourtant accusé d’avoir commis l’horreur et l’affront suprêmes : Envoyer ses sbires à Istanbul le 2 octobre 2018 pour assassiner dans des conditions effroyables le journaliste Jamal Khashoggi…

Erdogan a non seulement fini par absoudre MBS de ses pêchés, il a aussi sabré les enquêtes qu’il se jurait de poursuivre jusqu’au palais royal saoudien ; et pour couronner ce chapitre macabre il a reçu en grande pompe le dit “diable incarné” en juin dernier. Un événement qui a eu un écho planétaire puisque cela a ouvert la voie au voyage de Biden en Arabie saoudite et a permis de réhabiliter Ben Salmane sur la scène européenne

Erdogan c’est tout ça et bien plus encore. Alors il ne faut pas s’étonner prochainement de le voir ordonner à son armée de refaire une incursion en Syrie pour achever le “travail” qu’il a commencé en 2016 : Déloger les groupes rebelles kurdes en qui il voit d’affreux terroristes et qu’il a réussi à classer en tant que tels au sein de l’UE et à Washington. Poutine, le maître absolu en Syrie, échangera bien un petit permis de tuer contre un énorme marché avec la Turquie qui lui permettra de reconstituer un trésor de guerre malmené par le conflit avec l’Ukraine.

 

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