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France-immigration : Une tache indélébile sur la République et un divorce avec l’Afrique, et ce sont deux “socialistes” qui l’ont acté

France-immigration : Une tache indélébile sur la République et un divorce avec l’Afrique, et ce sont deux “socialistes” qui l’ont acté

 

On a appris que le président Emmanuel Macron s’exprimera sur la loi immigration ce mercredi 20 décembre, dans l’émission “C à vous”, sur France 5, à 19 heures. Mais que peut-il bien dire aux Français, à l’Afrique, au monde après ce que lui et sa Première ministre Elisabeth Borne ont fait à la République avec cette loi inique, discriminatoire et attentatoire aux droits des étrangers, aux droits humains ? On nous dit que le chef de l’Etat évoquera “les moments clés de 2023” et “abordera les perspectives de 2024″ (culture, sport, politique, économie). Mais le moment phare de 2023 restera sans aucun doute la disparition du “macronisme”, du fameux “en même temps qui a entretenu l’illusion d’un pouvoir d’action dans un second mandat miné par l’absence de majorité nette au Parlement…

Une seule démission : le virage à droite jusqu’à l’extrême méritait plus

Après la tambouille de la Commission Mixte Paritaire et le vote massif au Sénat – dominé par la droite – l’issue du projet de loi sur l’immigration faisait peu de doute. Les sénateurs n’avaient aucune raison de ne pas le voter parce que ce sont eux qui l’avaient considérablement durci. L’Assemblée nationale s’est cabrée un peu, surtout l’aile gauche de la majorité  – Renaissance -, mais finalement le texte cher au ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin est passé, dans la douleur mais il est passé. C’est ce qu’on retiendra. On retiendra ce vote massif en faveur d’un texte estampillé droite et extrême droite, avec 349 Oui et 186 Non…

On nous dit que 62 élus de la majorité ont voté contre ou se sont abstenus mais ce n’est pas ce qu’on retiendra. Ne pas être d’accord avec ce virage à droite jusqu’à l’extrême exigeait la démission de la part de ces députés, pas des cris d’orfraie. Idem pour les 6 ministres qui avaient mis leur démission sur la balance ; finalement on a appris que seul le ministre de la Santé Aurélien Rousseau s’en va, et encore il faut voir. C’est peu au regard du coup très sévère qui a été porté à l’idéal républicain et on ne sait même pas s’il s’en remettra.

Ce qu’on retiendra c’est que depuis le fameux 19 décembre 2023, dans la France de Macron, c’est la fin de l’automaticité du droit du sol, pas de séjour automatique pour les travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension (ceux dont le pays a le plus besoin, ceux qui font des boulots dont personne ne veut), la fin des aides sociales pour les clandestins, un tour de vis sur l’aide médicale d’Etat (AME) pour les clandestins (ça ne dérange pas la droite et l’extrême droite s’ils meurent dans les rues), la fin de l’automaticité des aides personnalisées au logement (APL) pour les étrangers qui ne travaillent pas, la déchéance de nationalité pour les binationaux auteurs de crimes contre les forces de l’ordre, etc.

Sarkozy en a rêvé toute sa vie, Macron l’a fait : On a bazardé l’héritage de Mitterrand et Chirac

Quand on cible une catégorie pour ses origines, sa couleur de peau, sa nationalité ça s’appelle de la discrimination, du racisme, de la xénophobie. Il n’y a pas d’autres noms. Mais ça n’a pas l’air de troubler outre mesure le président de la République et sa Première ministre, qui viennent pourtant des rangs du Parti socialiste. On aimerait bien savoir ce que l’ancien maire de Paris Bertrand Delanöe, un socialiste pur jus, pense de son poulain, Elisabeth Borne. On ne la reconnait plus, on ne reconnait plus la France.

Le chef de l’Etat avait menacé en septembre 2022 de dissoudre le Parlement s’il lui mettait des bâtons dans les roues. Là ce ne sont pas des bâtons qu’il a au travers de son chemin, ce sont des troncs d’arbre. Mais il refuse de dissoudre pour convoquer des élections anticipées et aller à la pêche à la majorité absolue. Macron est hanté par le ratage sous Jacques Chirac, qui avait permis à la gauche d’imposer une cohabitation. Là pour le coup ce n’est pas la gauche qui terrorise le président, c’est l’extrême droite de Marine Le Pen…

Mais la politique c’est aussi des actes de courage, avant tout, le courage de se jeter à l’eau et manifestement le président de la République en manque beaucoup. Le gouvernement est né des législatives de juin 2022 avec une malformation congénitale, Macron n’a pas voulu tirer les conséquences de la perte de sa majorité absolue. Dommage, ça lui aurait évité ces compromis et compromissions avec la droite, autant de taches sur la République, ce «grand moment de déshonneur».

La rampe de lancement pour l’extrême droite : Rien ne l’arrêtera sur la route de 2027

Dans cette journée fatidique du 19 décembre Marine Le Pen parlait de «victoire idéologique» avant même le vote au Parlement. Elle en a remis une bonne louche après, devant les objectifs de toute la presse. Et que dire des saillies du jeune coq – à peine 28 ans – de Le Pen, Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN) qui se voit déjà au Premier ministère sans avoir rien fait de notable dans sa vie…

«Nous avons mis en échec à l’Assemblée nationale, qui prévoyait des mesures d’accélération de l’immigration (…), à un texte durci, notamment sur les conditions d’octroi des aides sociales aux étrangers (…). On nous parle maintenant de préférence nationale, on évoque le regroupe familial, on rétablit le délit de séjour irrégulier… Il n’y a que les mesures que nous proposons qui permettent de juguler l’immigration», a claqué Bardella à la face des macronistes avant le vote.

La préférence nationale“… Le mot est lâché. Cette expression phare fichée sur le fronton de l’extrême droite, un slogan inventé par le papa de Marine Le Pen, Jean-Marie, fondateur de l’ancêtre du RN, le sulfureux Front national. On en est là : “la préférence nationale“, une théorie hideuse et ouvertement xénophobe, a maintenant pignon sur rue, grâce à Macron et Borne…

Les sondages disent tous que les élections européennes seront largement remportées par l’extrême droite. A ce rythme ce ne sont pas seulement les européennes que Marine Le Pen raflera, c’est carrément la présidentielle de 2027. Et oui, tant qu’à faire autant choisir l’original – l’extrême droite – plutôt qu’une pâle copie – le macronisme.

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