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Maroc-Israël : La bonne conscience du peuple et la mauvaise conscience du Roi, le Procès de tous les dangers

Maroc-Israël : La bonne conscience du peuple et la mauvaise conscience du Roi, le Procès de tous les dangers

C’est au Maroc que le malaise autour de la normalisation avec Israël est le plus lourd, encore plus qu’en Egypte et en Jordanie dont on connait les bonnes relations avec l’Etat hébreu. Au Maroc l’opinion publique est très remontée contre les crimes massifs de l’armée israélienne à Gaza, beaucoup plus que chez les voisins qu’on a cités. Quand Rabat et Tel-Aviv ont fait le grand saut dans les Accords d’Abraham, le 10 décembre 2020, sous la houlette de l’ex-président américain Donald Trump, la population n’a pas bronché, ou très peu. Mais depuis l’attaque du 7 octobre dernier en Israël et la riposte sanglante qui l’a suivie les citoyens marocains se braquent de plus en plus.

La société civile et la presse, qui étaient pourtant si placides sur cet épineux sujet, donnent de plus en plus de la voie, et ça raisonne jusqu’au palais royal. Le souverain Mohammed VI est dans un grand inconfort, coincé entre des citoyens qui ne supportent plus les horreurs commises par Tsahal sur les civils palestiniens et les retombées du Pacte entre Rabat, Tel-Aviv et Washington…

En échange de la normalisation avec Israël ce dernier et les USA ont reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, auquel le roi Mohammed VI tient comme à la prunelle de ses yeux. Mais voilà, même ce trophée ne pèse plus auprès de l’opinion publique, il ne pèse rien sur la balance des crimes de guerre de l’armée israélienne. Saïd Boukioud, un citoyen marocain qui résidait au Qatar, fait partie de ceux qui râlaient déjà en 2020 et il le faisait ouvertement sur les réseaux sociaux. Il a été rattrapé en juillet dernier par ce crime de lèse-Majesté…

Dès qu’il est descendu avec sa famille à l’aéroport Mohammed V de Casablanca il a été cueilli par les forces de l’ordre. Rappelons que la politique extérieure du Maroc relève du souverain Mohammed VI, donc critiquer la normalisation avec Israël c’est s’en prendre directement au Roi. Et le délit coûte cher : Six mois à deux ans de prison ferme pour “quiconque porte atteinte au régime monarchique“, en vertu de l’article 267-5 du Code pénal.

Le Tribunal de première instance de Casablanca a eu la main encore plus lourde : cinq ans de prison ferme, parce que Saïd Boukioud a commis son infraction en public – “par voie électronique“. Depuis le militant de la cause palestinienne a «supprimé les publications (incriminées) et fermé son compte (Facebook) lorsqu’il a appris qu’il était poursuivi au Maroc», a confié son avocat. Reste à espérer que la Justice tiendra compte de cette repentance forcée.

Son dossier est repassé hier lundi 20 novembre à la Cour d’appel de Casablanca, la juridiction a décidé de renvoyer l’examen de son recours à ce 27 novembre. En attendant la société marocaine se débat dans ses contradictions, des convulsions qui prennent la forme du boycott des marques américaines accusées de servir la cause d’Israël. Cette affaire va très loin et c’est très loin d’être fini, à moins qu’à Gaza les choses se tassent un peu

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