On vous disait il y a quelques mois que la Tunisie n’était pas près de voir la couleur des billets du FMI. Ça l’est encore plus aujourd’hui, en dépit du communiqué très feutré de l’institution internationale. On a encore eu droit à un texte soporifique et anesthésiant de la part de notre bailleur, celui qui tient le destin de la Tunisie entre ses mains, n’en déplaise à ceux qui s’en indignent déjà. C’est un fait et il faut s’en accommoder… jusqu’à ce qu’on ait les moyens de notre indignation, quand on ne sera plus obligé de tendre la main pour avoir les moyens de notre subsistance. Puisqu’on n’en est pas là, regardons en face ce qu’il y a dans le panier du FMI…
Première surprise : On a appris que le FMI était dans nos murs du 23 au 25 mars 2022, alors que jusqu’à hier on s’inquiétait du mutisme de notre principal soutien. Bon, c’est fait, il s’est manifesté. Pour dire quoi ? Et bien pas grand chose in fine. Pour faire simple et épargner aux lecteurs une gymnastique qui grillerait davantage de neurones – ils en perdent assez avec tout ce cirque incompréhensible des énergumènes du Parlement gelé : le FMI rappelle qu’il a aidé la Tunisie à traverser les gouttes quand la pandémie du Coronavirus battait son plein, mais pour une autre aide substantielle il faudra trimer, mouiller sa chemise…
Réformes, encore et toujours… Ça reste l’alpha et l’oméga pour retourner dans les bonnes grâces du FMI. La Tunisie a abusé des promesses depuis janvier 2011, a soutiré à l’institution internationale plus de sous et facilités que tous ses autres partenaires – à part peut-être l’Argentine – pour une utilisation des plus douteuses – là on est gentil dans la formulation. Maintenant la fête est finie. Le casse-tête reste entier pour l’exécutif tunisien : Comment mettre la main sur ce paquet sans lequel tout l’édifice s’effondre (j’exagère un peu mais à peine) ?
C’est la question à plusieurs milliards de dollars – les dollars du FMI. De l’aveu même du principal partenaire – l’UGTT – pour entreprendre ces réformes sans cesse planquées sous le tapis, la cheffe du gouvernement, Najla Bouden, a très peu apprécié les rebuffades du secrétaire général de la centrale syndicale à la face de l’émissaire du FMI en Tunisie. Que Bouden attende de voir la dernière sortie de Noureddine Taboubi sur la potion amère – réformes – que le gouvernement veut faire boire à la Tunisie…
Il est évident que toute cette cacophonie ne fait pas les affaires de la Tunisie, dans un moment si critique et si décisif. L’UGTT est consciente des cartes qu’elle a en main et en joue pleinement avec dextérité. Mais ce jeu est archi dangereux car tout le monde est embarqué dans le bateau Tunisie et personne n’a intérêt à scier la branche sur laquelle il est assis. Reste à savoir comment cette affaire finira. Quand est-ce que le chef de l’Etat, Kais Saied, va enfin agripper Taboubi pour l’obliger à s’asseoir et couper ensemble la poire des réformes en deux, trois et que sais-je encore ?
Le leader de la centrale syndicale répondra illico Oui à l’invitation du président de la République, d’ailleurs il cache à peine son impatience de retourner au centre de la vie politique d’où il a été éjecté le 25 juillet 2021. Mais c’est Carthage qui ne veut pas prendre langue directement avec l’UGTT. Kais Saied a redit dernièrement que la finalité de tout ce qu’il fait c’est une rencontre au sommet avec Taboubi et compagnie, dans un Dialogue national new look, mais quand ?! Qu’est-ce qu’il y a dans la tête de Saied ?
Son temps n’est pas le nôtre et encore moins celui du FMI. Pourtant il va falloir qu’il se fasse violence et avance vers ceux qu’il boude ostensiblement – l’UGTT – et avec un malin plaisir d’ailleurs. C’est ce que le FMI veut, que dis-je, c’est ce qu’il exige et ce n’est pas une honte que de voir enfin cette réalité en face, bien au contraire…
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