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Niger : l’Algérie et la CEDEAO dictent leur loi, les putschistes partiront dans 6 mois et tous les autres après

Niger : l’Algérie et la CEDEAO dictent leur loi, les putschistes partiront dans 6 mois et tous les autres après

 

On l’a présenté comme ça : La proposition de médiation d’Alger a été agréée par les militaires qui ont perpétré le coup d’Etat du 26 juillet dernier au Niger, lequel a mis un coup d’arrêt à une démocratie qui était jusqu’ici citée en exemple dans un continent qui en manque cruellement. Si cette façon de présenter les choses convient à tout le monde et surtout si ça permet à la junte nigérienne de sauver la face pour limiter la casse, pour ne pas s’acharner davantage sur le pays et ses institutions, après tout pourquoi pas…

Plus de morts au Niger depuis le putsch que durant les 18 mois précédents

Attention, des pirouettes et subterfuges sont toujours possibles, exactement comme les micmacs du putschiste en chef au Mali, le colonel Assimi Goïta, pour garder son fauteuil doré qui le change de la rudesse des camps militaires. Il est possible dans 6 mois que le général Abdourahamane Tchiani nous dise que finalement il aura besoin de plus de temps pour pacifier le pays, créer les conditions d’une élection apaisée pour céder le pouvoir aux civils, etc. etc. Tout est possible avec des militaires qui quittent leurs camps pour investir les palais de la République. Mais ça ne durera pas éternellement.

Ça ne durera pas éternellement parce que matériellement c’est impossible. D’abord il y a la situation sur le terrain. Depuis que le président Mohamed Bazoum a été délogé par le chef de sa garde il y a plus d’attaques sanglantes au Niger que durant les 18 mois précédents. Idem au Mali et au Burkina Faso. Avec le départ des troupes françaises les armées locales se retrouvent seules face au fléau du djihadisme qui dépasse de très loin leurs capacités opérationnelles. Et tant que les putschistes se cramponneront au pouvoir il ne faudra pas compter sur l’aide militaire européenne et encore moins américaine.

Quid des mirages chinois et russes ?

Bien entendu il y a la tentation chinoise et russe, ou plutôt les mirages chinois et russes. Pékin n’a jamais rien promis aux putschistes africains. La Chine fait volontiers du business avec l’Afrique, mais c’est tout, il ne faut pas compter sur elle pour autre chose. Si Xi Jinping n’a pas osé armer son ami Vladimir Poutine pour l’aider à sortir du bourbier ukrainien dans lequel il s’est jeté tout seul, comme un grand, il ne le fera pas pour ses “amis” africains. Par ailleurs la Chine a ses problèmes, très gros et n’a certainement pas besoin d’attiser la colère des Occidentaux.

Et que dire des promesses de Moscou. Les impétueux militaires de l’Afrique de l’Ouest ont fait l’erreur de croire que le Kremlin pourrait être la solution. Et Poutine n’y est pas allé de main morte sur les promesses et engagements. L’homme fort du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré y a tellement cru qu’il s’est lancé dans une diatribe anti-occidentale de haut vol lors du Sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg en juillet dernier. A l’arrivée Poutine ne lâchera rien, sauf un peu de céréales pour ses invités les plus pauvres…

D’ailleurs si le maître du Kremlin était capable de faire quelque chose il le ferait d’abord pour lui, pour se défaire de son “opération spéciale” en Ukraine dont il ne voit pas le bout. Les putschistes ouest-africains ont péché par naïveté, par ignorance, par immaturité. Mais en l’occurrence ce n’est pas une simple erreur, c’est une faute que l’Histoire ne pardonnera pas. On ne prend pas les rênes d’un pays en piétinant toutes ses institutions avec des vues de l’esprit.

L’ordre constitutionnel aura le dernier mot, tôt ou tard

Tous ces soldats dans les palais de la République, les ministères et les postes à responsabilité c’est moins de militaires sur le terrain pour combattre les terroristes. Ces pays n’ont pas gagné au change, bien au contraire. Le capitaine Traoré a dit dans son dernier entretien télévisé que les élections au Burkina Faso ne sont pas une priorité pour lui. Elles le seront bientôt et la CEDEAO y veillera. L’organisation régionale n’a peut-être pas les moyens de mener son intervention militaire pour faire déguerpir les putschistes, ça ferait trop de dégâts et de puissants voisins s’y opposent, l’Algérie et le Tchad surtout. Mais il y a les sanctions économiques et financières…

C’est ce carcan, d’une dureté sans précédent pour le Mali, qui a fait flancher le colonel Goïta et l’a obligé à présenter un calendrier pour céder le pouvoir aux civils. Non seulement la CEDEAO suspend automatiquement – l’Union africaine aussi – tous les pays où les militaires prennent le pouvoir mais il y a aussi le verrou des sanctions. En l’occurrence le Mali a été asphyxié. Certes Bamako a dupé l’organisation en obtenant la levée des sanctions en échange d’un calendrier électoral en bonne et due forme. Mais les putschistes ne pourront pas lambiner et louvoyer éternellement.

Le dernier mot reviendra à l’ordre constitutionnel, tôt ou tard, au Mali, au Niger, en Guinée, au Burkina Faso, au Gabon et partout ailleurs sur le continent. C’est écrit.

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