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Pétrole : Les gros cadeaux que l’Algérie n’attendait pas, grâce à l’Arabie saoudite

Pétrole : Les gros cadeaux que l’Algérie n’attendait pas, grâce à l’Arabie saoudite

Les cours du brut filent droit vers le seuil symbolique de 100 dollars le baril. Les marchés internationaux sont de nouveau en surchauffe et les prix n’ont jamais été aussi élevés depuis 10 mois. L’Algérie comme ses autres partenaires de l’OPEP+ est sur un petit nuage. Les cours du Brent ont flirté hier mardi 19 septembre avec les 96 dollars le baril, exactement 95,96 dollars durant la séance avant de se replier en fin de journée à 94,66 dollars. Soulagement pour les pays acheteurs, ils ont eu chaud. Mais ils ne sont pas au bout de leur peine, la fin de 2023 et même 2024 seront rudes…

Les pays producteurs ne lâcheront plus le filon d’or

Hier certaines variétés de pétrole telles que celles de Malaisie ou du Nigeria se sont hissées à 100 dollars le baril. Il faut remonter à août 2022 pour atteindre un tel niveau. Pour les experts l’explication de cette flambée est toute trouvée : la stratégie de réduction de la production de l’OPEP+, un virage imposé par l’Arabie saoudite.

Dr Fahd Bendjamaa, cité par la chaîne Al Arabya, a commenté la conjoncture actuelle ; selon lui ce n’est pas la demande qui a explosé, elle demeure «modeste», mais c’est la réduction de la production de pétrole, décrétée surtout par Riyad, qui est la cause de la montée des prix. Et vu que le dispositif est prolongé jusqu’à la fin de l’année il ne faut pas s’attendre à une baisse de la tension sur le marché mondial.

Le spécialiste est d’avis que le tarif raisonnable oscille entre 85 et 90 dollars le baril, c’est une fourchette qui convient aussi bien aux producteurs qu’aux consommateurs. Selon lui une chute des cours n’est pas souhaitable car elle frapperait les investissements sur la production, ce qui automatiquement renchérit le pétrole. Donc il ne reste que le juste équilibre pour le bien de toutes les parties…

Qu’il aille dire ça aux membres de l’OPEP+, qui essayent depuis avril 2023 de doper les prix en tassant leur production. Maintenant qu’ils y arrivent il sera difficile de les convaincre de lâcher le morceau. Quand ça rapporte gros il n’y a pas beaucoup de place pour la discussion autour de sujets d’ordre philanthropique, le profit est le seul langage qui a droit de cité.

Par ailleurs Dr Bendjamaa a fait savoir que l’Arabie saoudite continuera d’investir dans les infrastructures pour monter la production de pétrole à 13 millions de barils/jour d’ici à 2027.

La plupart des experts tablent sur un pétrole cher dans les prochains mois et même en 2024. La banque UBS avance une fourchette de 90 – 100 dollars le baril dans un futur proche, Bank of America va au-delà avec des prix qui dépasseront le seuil de 100 dollars avant la fin de 2023. Si la politique de l’OPEP+ reste en place les cours monteront à 107 dollars le baril avant la fin de 2024, prédit Goldman Sachs. Seul Saxo Bank voit les choses différemment : le baril sera pas scotché autour de 90 dollars.

Une très bonne surprise mais attention à l’inflation importée…

L’Algérie a fait de grands pas dans les exportations hors hydrocarbures ces deux dernières années mais les caisses du pays sont encore largement alimentées par les revenus du gaz et du pétrole. Donc pour Alger cette hausse inattendue des prix sera le gros cadeau de fin d’année. Déjà en 2022 l’Algérie a quasiment doublé ses recettes d’hydrocarbures en comparaison avec 2021 (60 milliards de dollars contre 34,5) en surfant sur une moyenne des cours de brut à 101 dollars le baril.

Les réserves de change de l’Algérie ont été copieusement été arrosées par ces revenus, pour s’établir à 85 milliards de dollars en août dernier. Reste à éloigner le spectre de l’inflation importée. Rappelons que le début de la guerre en Ukraine, le 24 février 2022, avait propulsé les prix du pétrole et que l’Algérie avait engrangé, mais derrière les prix d’une pléthore de produits industriels et agricoles que le pays importe massivement avaient explosé.

Le taux d’inflation en Algérie est monté à plus de 9% en 2022, même si le pays s’en est mieux tiré que beaucoup d’autres – même des nations occidentales – grâce à la décision prise par le président Abdelmadjid Tebboune sur la subvention des produits de grande consommation tels que les céréales, le lait, le sucre, l’huile de table, les légumes secs… Est-ce qu’Alger sera en mesure de maintenir une compensation qui coûte cher au Trésor public ? Tout dépendra en grande partie de la conjoncture internationale, notamment la guerre de Vladimir Poutine.

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